Une très forte mobilisation des Internautes a permis de retrouver le coupable du lancé de chat qui avait posté une vidéo en ligne. Qu’est-ce qui explique l’immense émotion de l’opinion publique, fortement relayé ensuite par les médias.
Internet doit-il participer à la lutte contre la maltraitance animale et dénoncer les auteurs de tels faits ? Et que faire si l’on est témoin de maltraitance animale ? Autant de questions que le cas d’Oscar, ce chaton de 5 mois qui a ému les Français, mais d’autres actes de violence contre des animaux aussi car ce n’est pas un fait isolé, soulèvent.
Les internautes n’auront pas mis longtemps à remonter la piste de celui qui se faisait appeler Farid de la Morlette.
A peine la vidéo du chaton Oscar, victime de violence, postée sur la toile, les premières réactions se sont enchaînées.
Car très vite, la vidéo s’est retrouvée sur de très nombreux sites. Les réseaux sociaux se sont emparés du fait divers. L’identité du jeune homme et son lieu de résidence ont été divulgués.
Des pétitions et des menaces de mort
Des pétitions ont été mises en ligne. L’une d’elles, demandant que le jeune homme soit puni, comptabilisait plus de 111 000 signatures le samedi suivant les faits (260 000 le lundi). Des menaces de mort ont par ailleurs circulé également.
Est-ce qui a incité la justice à réagir aussi vite ? Interpellé le vendredi et placé en garde à vue, il a été jugé en comparution immédiate le lundi suivant et condamné à un an de prison ferme. Il encourait jusqu’à 2 ans d’emprisonnement de 30 000 € d’amende. Cette peine a par ailleurs été assortie de l’interdiction de détenir un animal de compagnie.
Maltraitance animale : la police et la gendarmerie communiquent aussi sur la toile
La police (celle de Marseille a reçu des centaines d’appels téléphoniques indignés) s’est-elle aussi servie des réseaux sociaux pour communiquer sur l’avancée de l’enquête via son compte officiel Twitter. Et annoncé notamment l’arrestation de l’auteur des faits.
Sur Facebook, la police nationale a rappelé que « la défense animale fait partie des missions quotidiennes des policiers avec, depuis 2008 une baisse sensible des interventions dans ce domaine. Mais l'année 2013 enregistre tout de même plusieurs centaines de cas de violences, sévices ou tortures constatés ».
La gendarmerie nationale a quant à elle remercié sur son compte officiel Twitter les internautes pour leur mobilisation. Un signalement avait effectivement aussi été fait sur le site officiel du gouvernement permettant de dénoncer des contenus ou des comportements illicites sur la Internet (voir encadré).
Associations de défense animale : l’appel au calme
Pour les défenseurs de la cause animale, cette condamnation n’est qu’un juste retour des choses. Certains d’ailleurs auraient souhaité une peine plus lourde.
La SPA a tenu à tempérer. Même si elle s’est dite « reconnaissante » pour cette action spontanée de la part de l’opinion publique, elle craignait des débordements lors de la manifestation prévue le jour du jugement devant le tribunal. Quelque 200 personnes s’y sont regroupées. D’autres manifestations étaient prévues en France.
« Il ne faut pas tout mélanger », a assuré Andy Salviano, présidente de la SPA marseillaise. « Certains internautes ont des réactions de lynchage. Bien sûr qu'il faut que les auteurs soient punis par la justice, mais il ne faut pas tomber dans la violence. »
La Fondation Brigitte Bardot, qui a par pour sa part par la suite annoncé un dépôt de plainte, s’est également inquiétée par la voix de sa présidente de « la tribune offerte par les réseaux sociaux » à ce type de comportements.
D’autres cas de maltraitance, d’autres peines
Quelques jours une tard, un homme de 51 ans a écopé de 4 mois de prison avec sursis pour avoir aspergé un chat, nommé depuis Caramel, de soude caustique. Une peine prononcée par le tribunal correctionnel d’Angers.
Un jugement bien moins lourd que pour Oscar. Ce qui fait dire aux défenseurs de la cause animale qu’il existe deux poids deux mesures, une justice à deux vitesses.
Mais ils ne comptent pas en rester là. La chanteuse Stone, membre de l’association Stéphane Lamart, qui a fait appel du jugement, a décidé de demander une audience à Christiane Taubira, la Garde des Sceaux pour faire évoluer le statut de l'animal aux yeux de la loi.
Une manifestation est par ailleurs prévue à Angers le 21 février. L’appel a lui aussi été lancé sur les réseaux sociaux.
Les jours suivants, d’autres affaires ont éclaté : un chat (le septième cas) massacré à coups de barre de fer à Limoux (Aude); un chat retrouvée la tête criblée de plombs à Béziers (Hérault) ; un chat retrouvé souffrant de graves lésions (peau arrachée, brûlé) à la frontière avec la Meurthe-et-Moselle. A Béziers encore, un homme a été condamné par le tribunal correctionnel à 6 mois de prison ferme (et interdiction de détenir des animaux) pour avoir jeté son boxer par la fenêtre. Une chute qui a été fatale pour le chien âgé de 13 mois... A Toulon, une jeune femme a comparu pour avoir laisser agoniser son amstaff en juin 2011.
Le lundi 17 mars, ce sont des promeneurs qui ont découvert un cadavre de chat près d'un feu de camp, dans un parc public de la ville de Chambéry. Cette fois, le cas a fait l'objet d'un post sur Twitter et commence à faire réagir les internautes. " Le pauvre chat semble-t-il été passé à la broche ", explique un article paru dans le quotidien Le Dauphiné. La police, qui a été prévenue, doit procéder à une autopsie afin de déterminer la cause exacte de la mort de l'animal. Aucune enquête officielle n'était lancée au lendemain de la découverte, mais un officier de la communication de la police nationale n'a pas exclu que les choses puissent évoluer. La SPA de Savoie a décidé de porter plainte.
Des affaires qui ne trouvent donc pas toutes le même écho sur Internet ni dans les médias.
Violence sur animaux : pourquoi une telle réaction de l’opinion publique ?
Pourquoi certains actes de violence envers les animaux parviennent à sensibiliser presque davantage que celles commises envers les humains ? A cette question, Florence Burgat, philosophe et directrice de recherche à l'Institut national de la recherche agronomique (Inra), estime qu’il y a plusieurs raisons. Elle les détaille dans un entretien accordé au Figaro.
Une violence parfaitement gratuite ; une violence sortie de tout contexte de dérèglements des comportements qui pourraient l’expliquer ; une part de surprise aussi : « C'est une forme de violence qui n'est jamais montrée, qui n'est pas «médiatisée», dont on ne parle pas », explique Florence Burgat.
« Mais je ne pense pas que cette émotion soit particulière parce qu'il s'agit d'un animal », poursuit-elle.
« L'œil et l'esprit s'habituent aux formes de violence les plus couramment montrées. Si tous les jours tous les sévices subis par les animaux faisaient la une des journaux, nous n'y ferions plus attention. Les actes de cruauté de cette sorte sont bien plus nombreux qu'on ne l'imagine, mais ils demeurent généralement dans l'ombre. Tout à coup, les animaux apparaissent comme étant aussi les victimes des violences humaines. »
« L'innocence et la faiblesse de la victime s'ajoutent ici au caractère gratuit de l'acte. Et bien sûr, la facilité qu'il y a à s'en prendre à un animal parce que l'on pense que l'on ne risque rien est insupportable. La jouissance à faire le mal se montre à l'état pur, et le pouvoir absolu de l'homme sur l'animal se manifeste dans le sentiment d'impunité, analyse encore la philosophe.
Violence d’une grande rareté
« Cette polémique en dit beaucoup sur notre rapport aux animaux, mais aussi aux hommes, car elle reflète une peur sociale partagée par certains Français », explique pour sa part Damien Baldin, historien et chargé d'enseignement à l'EHESS, auteur d'une Histoire des animaux domestiques (éd. Seuil, 2014) à Francetv Info.
« Ce fantasme est d'autant plus fort qu'il s'agit d'un jeune, dans un quartier, d'origine immigrée et habitant Marseille, ville réputée violente. Géographiquement et socialement, cela vient frapper l'imaginaire. »
Pour cet historien, si le cas d’Oscar a autant choqué l’opinion, c’est que « le chat est un animal domestique, proche de nous. Nous n'aurions pas été touchés de la même manière avec un autre animal, même s'il avait été aussi sensible physiologiquement. Ensuite, c'est un acte de violence dans une société qui la tolère de moins en moins, d'autant que la violence est ici gratuite donc incompréhensible. Ce qui n'a pas de sens est choquant. Enfin, la scène est filmée et circule rapidement. Il est très rare de voir un film où s'exprime une telle violence concrète ».
Au-delà des réactions, c’est une nouvelle fois le statut juridique de l’animal qui se pose au final.
Le fait qu’il soit considéré comme meuble aux yeux de la loi (code civil) restreint le champ d’actions possibles en cas de recours pour maltraitance.
Pourtant, selon l’article 521-1 du code pénal, notamment, tout acte de cruauté animale peut être puni. Tant pour des sévices que pour un abandon.
Chez nos voisins européens, bien-être animal, respect et « dignité des êtres vivants dotés de sensibilité » sont des notions que l’on n’hésite pas, à l’inverse de la France, à évoquer.
Votre opinion
Pensez-vous que les actes de maltraitance animale doivent être dénoncés sur Internet ?
Le statut juridique de l’animal de compagnie doit-il évoluer ?
Vous pouvez réagir en laissant vos commentaires à la suite de cet article.
Que faire lorsque l’on est témoin de maltraitance animale ?
Il est possible de prévenir le plus rapidement possible une association de protection animale ou un refuge, voire contacter la police, la gendarmerie ou la police municipale. Cette dernière peut établir un PV permettant des poursuites.
Une association aura davantage de poids pour porter plainte. Certaines associations disposent par ailleurs de leurs services d’enquête suite à ce type de signalement. Des associations disposent également parfois de services d'enquête dédiés à ce genre de signalements.
Si vous trouver sur Internet des images de maltraitance animale, vous pouvez envoyer le lien au service de la police qui en a la charge : www.internet-signalement.gouv.fr
Si le cas de maltraitance ou de violence animale s’exerce dans le cadre d’une activité (élevage – est réputé être éleveur celui qui détient au moins 9 chiens -, chenils…), c’est alors avec la Directions Départementales de la Cohésion Sociale et de la Protection des Populations (DDCSPP, ex DSV) qu’il faut entrer en contact.
Si vous êtes témoin d’un chien ou chat enfermé dans une voiture un jour de forte chaleur, il convient d’appeler les pompiers ou les forces de l’ordre, seuls autorisés pour briser la vitre d’un véhicule. Si l’animal est en grande détresse il est envisageable de briser la vitre en présence d’un témoin, en prenant toutefois soin d’appeler les secours auparavant. Car c’est votre responsabilité qui est alors engagée.
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Photos : 123RF