SantéVet : Quand Garfield a-t-il posé sa première patte en France ?
Claude de Saint-Vincent : Depuis 1984, Dargaud est le premier à éditer Garfield. Au départ, c’était un personnage dont on vendait autant d’albums en France qu’au Québec qui ne compte que quelques millions d’habitants.
Il avait vraiment une image américaine, à la fois dans son contenu éditorial et dans son format, le comic strip, très différent de la bande dessinée franco-belge.
SantéVet : Avez-vous travaillé directement avec son auteur, Jim Davis ?
Claude de Saint-Vincent : Jim Davis est un des premiers auteurs que j’ai rencontré dès mon arrivée chez Dargaud, en 1991. Dix ans avant, en 1981, Jim Davis avait racheté la gestion des droits de Garfield à United Media, un groupe important de gestion de personnages (dont Garfield ou Snoopy), pour créer Paws, une société entièrement consacrée à la promotion et au développement de l’univers de Garfield.
Il a installé Paws à Muncie, dans l’Indiana où il est né, et a fait ses études. Dans ces locaux, au milieu des bois, une cinquantaine de personnes travaillent, réfléchissent et vivent autour de Garfield… Avec Paws, Jim Davis est donc notre interlocuteur direct, ce qui est très rare pour une licence d’un personnage étranger.
Un chat gourmand, paresseux et moyennement bienveillant !
SantéVet : Comment le personnage de Garfield s’est-il imposé en France ?
Claude de Saint-Vincent : Garfield est gourmand, paresseux et il peut être moyennement bienveillant ! Les enfants s’y sont facilement identifiés, il a envahi peu à peu les cours de récréation.
Et, curieusement, les femmes l’aiment bien aussi. Garfield est assez mixte, ce qui n’est pas le cas de tous les héros de bande dessinée. La progression des ventes a été constante depuis 20 ans. Pour Garfield, Dargaud, le petit éditeur français, est peu à peu devenu le premier licencié publishing dans le monde, après les États-Unis.
SantéVet : Quelle analyse portez-vous sur l’évolution constante de ce succès ?
Claude de Saint-Vincent : C’est un succès qui s’est construit tant sur la qualité et l’originalité de son sujet que sur la constance de sa parution et du travail éditorial. Voici 25 ans qu’il y a deux nouveautés par an qui sortent au 1e et au 3e trimestre.
C'est un rendez-vous dont les lecteurs ont pris l'habitude : cela représente 300 000 exemplaires vendus par an, soit l'équivalent d'un prix Goncourt ! En tout 5 millions d’albums ont été vendus en France depuis 1985. Et 135 millions dans le monde entier.
Les deux longs-métrages ont aussi beaucoup contribué à faire évoluer ce marché. Ils ont connu un succès qui a surpris aux États-Unis, mais aussi en France. Ces deux films en 2004 et 2006 ont dynamisé les ventes de la BD de 30 % environ.
SantéVet : Comment vous est venue l’idée de proposer la série « Garfield & Cie » ?
Claude de Saint-Vincent : Aujourd’hui, Dargaud fait partie d’un groupe multimédia présent dans la presse, l’édition, la production audiovisuelle, l’animation, la vidéo et, maintenant, les nouvelles technologies et les jeux vidéo.
Après un quart de siècle, Garfield fait partie de la famille, Jim Davis aussi et, il y a 3 ans, nous avons eu alors l’idée de lui proposer une série audiovisuelle en 3D pour la télévision.
Nous avons envoyé des exemples des réalisations de nos différents producteurs, et il a adoré « Potlach », qui a été conçue par une filiale de Dargaud pour France 3. Il a vraiment craqué sur cette série et il a dit : « Ok, mais je veux la même chose, avec la même équipe, le même producteur ». C’était Robert Réa.
Nous sommes allés dans l’Indiana et on a commencé à travailler… C’était parti pour une entreprise incroyable!
SantéVet : Il est très rare que des Français développent une création américaine ?
Claude de Saint-Vincent : Oui, c’est assez exemplaire et c’est une aventure exceptionnelle que les droits d’un personnage emblématique américain soient cédés à un étranger. Jim est un peu original et il n’a pas réalisé que sa démarche l’était. C’est la concrétisation de plus de 15 ans de travail et d’une relation de confiance avec l’éditeur. Nous nous connaissons tellement bien.
Le dessin animé : une industrie lourde
SantéVet : Comment Jim Davis intervient-il dans le processus de création de «The Garfield Show » ?
Claude de Saint-Vincent : Tous les scénarios sont revus par Jim et son équipe, il y a des circuits de validation assez longs, mais cela se passe vraiment bien. Nous avons donc commencé à livrer les épisodes à la fin de l’année 2008 à France 3 avec de très bonnes audiences. Aujourd’hui, avant même que la chaîne ait fini de diffuser la m
oitié de la première série, la deuxième est déjà commandée. C’est bien une reconnaissance de la qualité et du succès de l’audience.
SantéVet : Ce sont de gros budgets ?
Claude de Saint-Vincent : C’est une série ambitieuse et chère avec un budget de 7M¤, très supérieur aux normes. Vous savez, le dessin animé, c’est presque de l’industrie lourde.
Pendant que nous livrons le premier épisode à la chaîne, nous travaillons sur la post production du cinquième épisode, la mise en couleurs du dixième tandis que les scénaristes mettent leur touche finale au 52e…
Et pour simplifier, tout ça nécessite une coordination du travail entre des studios différents, en Belgique, en France et en Indonésie. Il faut voir un planning de production de 52 épisodes, étalé sur deux ans, semaine par semaine, pour comprendre que c’est un processus très lourd !
L'actualité de Garfield
- Février 2010 - sortie de 2 DVD : "Souriez" et "Lasagne et Castagne" de la première saison "Garfield & Co" chez Citel Vidéo.
- Mars 2010 - Sortie de 2 tomes de l'adaptation du dessin animé chez Dargaud.
- Juin 2010 - Sortie des 2 DVD de la suite de la saison 1 chez Citel Vidéo.
- Juin 2010 - Sortie du TOME 50 (numéro exceptionnel habillé de fourrure orange !) du comic strip Garfield chez Dargaud.
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illustrations : © Paws. All Rights Reserved. “Garfield TV series” © 2009 – Dargaud Media