Dès le début de son cursus, lors de ses études vétérinaires, le Dr Adeline Linsart s’est intéressée aux NAC (nouveaux animaux de compagnie). Cela, bien qu’à l’époque, les cours étaient quasi inexistants les concernant. Exerçant aujourd’hui en « clientèle NAC », elle fait partie de ces vétérinaires que l’on consulte pour son perroquet, entre autres. Une espèce qu’elle affectionne, dotée d’une longue espérance de vie, et qu’elle soigne en mettant un point d’honneur à se tenir informée des avancées constantes de la médecine et de la chirurgie aviaire, participant à des congrès et en échangeant avec ses confrères. Tout cela sans occulter l’aspect relationnel afin d’assurer une bonne osmose entre les perroquets et leurs maîtres en donnant de nombreux conseils à ces derniers.
SantéVet : Pourquoi avez-vous choisi de vous spécialiser dans les NAC ?
Dr Adeline Linsart : L'orientation vers une pratique NAC s'est imposée progressivement. J'ai toujours rêvé de pouvoir soigner tous les animaux. Et parmi eux, tous ces NAC que j'avais apprivoisés étant jeune mais n'étais jamais parvenue à soigner.
Je me suis donc tout particulièrement intéressée à eux, dès le début de mon cursus, malgré l'absence de cours et de formation.
« Les perroquets ont besoin d’avoir affaire à des maîtres passionnés et disponibles. »
SantéVet : Parmi les nouveaux animaux de compagnie que vous êtes amenée à soigner, diriez-vous que les perroquets sont destinés à des maîtres prenant toute la mesure de leurs besoins qui semblent « spécifiques » ?
Dr Adeline Linsart : Beaucoup de NAC sont des animaux de compagnie nécessitant de bonnes connaissances des propriétaires, une véritable volonté de bien faire et surtout, une grande disponibilité. Les perroquets en sont effectivement un très bon exemple. Sans un propriétaire passionné, disponible et attentif, ils ne peuvent être heureux.
SantéVet : Est-ce que ce sont des animaux « exigeants » ? On peut lire notamment qu’ils supportent mal la solitude. Celle-ci peut-elle être responsable de troubles ?
Dr Adeline Linsart : Un perroquet a besoin d'interactions verbales et physiques, de stimulations intellectuelles tout au long de la journée. Il peut trouver son équilibre dans la relation avec son propriétaire ou en vivant en couple avec un autre oiseau.
Par exemple, un perroquet élevé à la main est très exigeant quant à la disponibilité de son propriétaire avec lequel il tisse une relation étroite. Si le propriétaire est disponible, l'oiseau peut être heureux, mais il arrive souvent un moment où la relation se déséquilibre et où l'oiseau souffre. A l'inverse, un perroquet EPP [un perroquet élevé par les parents, au contraire des EAM élevés à la main, Ndlr] élevé en couple en volière ne souffrira pas de l'absence de son propriétaire.
« Les maîtres doivent avoir certaines connaissances nécessaires. »
SantéVet : Les perroquets sont-ils finalement « fragiles » ?
Dr Adeline Linsart : Les perroquets ne sont pas des animaux si "fragiles" si le propriétaire acquiert les connaissances nécessaires : respect des besoins nutritionnels (limiter la consommation des cacahuètes ou tournesols ; interdire les restes de tables) ; pièce de vie ou volière adaptée, absence de toxiques, température stable ; respect des rythmes physiologiques (durée du sommeil notamment) ; accès à l'extérieur ; stimulations verbales et intellectuelles…
Bien sûr, cette liste n'est pas exhaustive.
« 40 ou 50 ans de vie commune avec son maître donne lieu à des consultations enrichissantes. »
SantéVet : Le prix d’achat peut être élevé et la durée de vie de ces animaux longue. Est-ce que cela fait de ces NAC des animaux un peu « à part » ?
Dr Adeline Linsart : Il est vrai que les perroquets, comme les tortues, font partie des NAC dotés d'une longue espérance de vie. Lorsque l'on soigne un perroquet qui vit avec son propriétaire depuis 40 ou 50 ans, la relation tissée est extrêmement étroite et importante. Ces consultations sont toujours très marquantes et enrichissantes.
SantéVet : Quels liens les maîtres entretiennent-ils avec leurs compagnons ? Est-ce plus « fusionnel » qu’avec un autre NAC, un chat ou un chien à votre avis ?
Dr Adeline Linsart : J'ai parfois la sensation que les propriétaires de NAC sont plus fusionnels avec leurs animaux que les propriétaires de chiens ou chats. Mais cela reste très variable. Il est vrai que les lapins, rats, furets, perroquets et tortues sont souvent à l'origine d'un attachement très profond. Ils développent des liens étroits et privilégiés avec leur entourage et occupent une place similaire, sinon plus grande, que le "traditionnel" chien ou chat de la famille.
« Alimentation équilibrée et de bonne qualité : un des piliers de la médecine préventive. »
SantéVet : Hormis une bonne hygiène, quelles sont les règles à suivre pour une bonne santé chez les perroquets, notamment quel type d’alimentation leur convient le mieux ? Celle-ci impacte-t-elle sur la santé ?
Dr Adeline Linsart : Une alimentation équilibrée et de bonne qualité est un des piliers de la médecine préventive.
La base de la ration peut être composée de graines ou d'extrudés.
Le perroquet peut être nourri à partir d'un mélange de graines de très bonne qualité adaptée à l'espèce (pas de poussières, pas d'odeur anormale du paquet...). Dans ce cas, les propriétaires doivent s'assurer que la totalité des graines est consommée, sans tri. Sinon, la ration est déséquilibrée.
Le perroquet peut être nourri à partir d'extrudés de bonne qualité, adaptés à l'espèce. Les extrudés devront être préférés sans colorants ni conservateurs (lorsque cela est possible) car de nombreux additifs sont potentiellement toxiques chez les oiseaux. Faciles à employer, ils évitent le tri et permettent de s'assurer que l'oiseau consomme la totalité des ingrédients de sa ration.
Les végétaux (légumes, branchages, fruits) viennent compléter la ration en plus des graines ou extrudés.
Toutes les friandises, trop énergétiques et surconsommées par les oiseaux, doivent être distribuées avec parcimonie.
« Des examens cliniques réguliers, des bilans sanguins, sans oublier la vermifugation bien souvent nécessaire. »
SantéVet : Doivent-ils, avant leur achat, avoir subi certains tests pour s’assurer de l’absence de maladies ? Et par la suite, des sérologies doivent-elles être effectuées ?
Dr Adeline Linsart : Les tests pour les maladies virales ou bactériennes les plus courantes sont très importants. Ils peuvent être effectués avant l'achat, mais il est important de tenir compte des conditions dans lesquels ils ont été réalisés et de la qualité des prélèvements soumis au laboratoire. Il est souvent nécessaire de renouveler ces tests après l'adoption.
La surveillance de la survenue de certaines maladies passe ensuite par des examens cliniques réguliers (au moins annuels) et la réalisation d'examens sanguins (bilan hématobiochimique, sérologies éventuelles).
SantéVet : Pour la prévention de certaines maladies, existe-t-il des règles à suivre concernant les perroquets (parasites, vers, etc.) ?
Dr Adeline Linsart : Lorsque les perroquets accèdent à l'extérieur, notamment s'ils peuvent aller au sol, une vermifugation régulière est indispensable.
SantéVet : Qu’est-ce qui doit dans tous les cas alerter le maître et l’inciter à consulter ?
Dr Adeline Linsart : Un changement de comportement de l'oiseau, une baisse d'appétit ou l'arrêt des vocalises sont autant de signes que le propriétaire peut détecter avant que la maladie ne soit trop avancée.
Trop souvent, le seul signe perçu par les propriétaires est lorsque l'oiseau reste en boule au fond de la cage, ce qui traduit une atteinte sévère.
« L’assurance santé animale : que du positif ! »
SantéVet : La médecine vétérinaire fait-elle, comme chez les chiens et chats, des progrès les concernant ?
Dr Adeline Linsart : Oui, des progrès réguliers sont effectués en médecine et chirurgie aviaire. Nous soignons bien mieux les oiseaux qu'il y a vingt ans et nos connaissances vont encore s'étendre. Cela nécessite par contre pour le praticien une constante mise à jour des connaissances par la lecture de revues spécialisées, la participation à des congrès internationaux, l'échange avec d'autres confrères passionnés...
SantéVet : Une assurance santé animale (mutuelle NAC), qu’en pensez-vous ?
Dr Adeline Linsart : Les propriétaires de NAC étaient demandeurs de ce type de produits depuis de nombreuses années. Cela permet d'améliorer la prise en charge des NAC au quotidien, de faire face à des imprévus et de mettre en place des mesures de médecine préventive, essentielles pour offrir une vie longue et en bonne santé pour tous nos NAC. Je n'y vois que du positif !
Propos recueillis par Claude Pacheteau
Acquisition d’un perroquet : les conseils du Dr Adeline Linsart, vétérinaire
En vue de leur acquisition, le Dr Adeline Linsart estime qu’il convient, tout d'abord, de « choisir une espèce en connaissant bien ses caractéristiques. Le coup de cœur est trop souvent la cause d'une déception ».
Elle préconise ensuite de « se tourner vers un éleveur compétent et qualifié. N'adopter qu'un oiseau parfaitement sevré ».
« Le lieu d'acquisition peut déterminer un certain nombre de problèmes. Une forte densité d'oiseaux, un mélange d'espèces trop important ou encore une hygiène imparfaite sont autant de critères qui doivent conduire le futur propriétaire à annuler son adoption ».
Enfin, elle indique que « le choix entre un oiseau élevé à la main ou élevé par les parents est également important : le perroquet n'aura pas le même comportement, le même équilibre, en fonction de ce choix initial ».
L’importance de la première visite vétérinaire
« Une première visite chez le vétérinaire est recommandée dans les dix jours suivant l’achat », explique le Dr Adeline Linsart. « Elle permet de s'assurer de la bonne santé de l'oiseau, de réaliser des tests de dépistages pour certaines maladies - pour la chlamydiose notamment, qui est contagieuse à l'homme. Enfin, c'est l'occasion de poser les bases d'une relation longue et réussie avec son oiseau, grâce aux conseils délivrés par le vétérinaire. »
Un perroquet, est-ce que ça parle automatiquement ?
« Tous les perroquets ne parlent pas, mais tous communiquent avec leur entourage », assure le Dr Adeline Linsart. « Ils utilisent des postures, des jeux, des cris, des sifflements, des imitations plus ou moins réussie. »
« L'apprentissage de la parole est facile dans certaines espèces - comme le Gris du Gabon - et plus difficile ou impossible chez d'autres », poursuit-elle. « Il dépend notamment de la disponibilité du propriétaire et de la relation tissée avec l'oiseau. »
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