Il est amusant de constater que nombreux sont les propriétaires de chiens pensant que leur animal de compagnie, si bien soit-il sous tout rapport par ailleurs, sera incapable de se tenir devant une friandise quelconque.
A leur décharge, il est vrai les chiens sont souvent de fieffés goinfres, toujours prêts à manger, à peu près n’importe quoi en moins de temps qu’il n'en faut pour le dire !
Et pourtant, 99 % d’entre eux peuvent se retrouver couchés avec une croquette posée sur la patte avant sans y toucher pendant plusieurs dizaines de secondes, et ce en moins de trois minutes.
Je le sais, je passe mon temps à étonner les maîtres avec les possibilités qu’ont leurs chiens. Nul doute que si j’avais parié à chaque fois avant, je serais un homme riche aujourd’hui !
Je ne saurais pas vous dire pourquoi les chiens qui semblent si affamés en permanence sont capables d’un tel revirement, encore que... Dans la méthode traditionnelle, on présente un appât au chien accompagné d’une taloche si celui-ci fait mine d’y toucher, voire simplement de s’y intéresser. Et ça fonctionne, pas fou le chien : plutôt que de risquer de prendre un mauvais coup, il préfère regarder ailleurs, d’autant qu’ensuite il est récompensé.
En méthode d’éducation positive, c’est tout pareil, la taloche en moins ! Détail me direz-vous, certes, mais détail d’importance pour le chien notamment.
Premièrement : autorisez la prise
Voici comment vous devez procéder : commencez par présenter un appât au chien et demandez-lui de le prendre ; recommencez ; encore une fois puis une dernière.
Maintenant présentez la friandise au chien et juste avant dites : « laisse » ou « pas toucher » ou tout autre ordre à votre convenance. Le résultat ne se fera pas attendre : le chien va dans toute sa palette de réactions arriver assez vite à : " et si je regarde au loin que se passe t-il ?
" Bingo : mon maître me donne la friandise. Une association ne tarde pas à se créer dans la tête du chien : « Si je me désintéresse de ce qui me tente, j’ai une bonne chance de finir par l’obtenir ! »
Ensuite, être de plus en plus exigeant
A vous d’être de plus en plus exigeant et de demander au chien de se détourner de plus en plus longtemps ou franchement de l’appât. Attention également aux petits malins qui s’imaginent que parce qu’ils ont détourné le regard ou la tête ils ont droit à l’appât ; vous devez rester décisionnaire dans ce domaine.
Recommencez depuis le début, deux, trois « prends », contre un « laisse » (de plus en plus performant).
Une fois que votre chien tourne systématiquement la tête ou le corps en entendant « laisse », passez à un refus posé au sol.
Difficultés croissantes
Chien assis, appât à 30 centimètres, puis après 7, 8 sauts de puces, l’appât se retrouve entre les pattes avant du chien qui peut loucher dessus, baver dessus, mais en aucun cas tenter de le prendre !
Étape suivante : la même, chien couché, et très vite (attention pas trop vite non plus, ne grillez pas les étapes sous peine de régresser) votre chien se retrouve avec le biscuit posé sur une patte.
Assurez la durée et une certaine distance entre lui et vous (jusqu’à disparaître) avant de passer à la troisième phase.
Vous tenez alors votre partenaire en laisse à vos côtés (si vous avez un assistant) ou face à vous si vous êtes seul. L’assistant - ou vous-même - lance alors une friandise en direction du chien. A côté, dans un premier temps. Commandez : « laisse » et aidez-vous de la laisse pour que le chien ne se saisisse pas de l’appât.
Lorsque votre voix suffit, commencer à viser sa gueule. Il doit en entendant « laisse », la garder fermer.
Sur le terrain
Par la suite, préparez (ou faites préparer par un parent ou un ami) le terrain. Après être sorti de chez vous, disposez des appâts au sol, par trois ou quatre, afin d’être sûr que le chien les repérera.
Puis promenez-vous avec votre compagnon sur ce chemin pavé de succulentes attentions !
Si votre chien fait mine de s’en préoccuper, dites « laisse » et empêchez-le d’en obtenir.
Votre ultime exercice consistera à effectuer ce dernier parcours chien en liberté. Votre voix devra suffire à garantir son bon comportement.
Antonio Ruiz, éducateur canine, centre Pile-Poil
Le point de vue de l’éducateur : une prévention efficace contre les risques d’empoisonnement
Il est sans doute beaucoup plus simple que vous ne l’imaginez de parvenir à un résultat probant.
Et ensuite, outre la fierté d’un travail bien fait, vous permettant même de faire des démonstrations lors de réunions familiales ou amicales, vous aurez surtout la tranquillité d’esprit d’un maître prévoyant qui sait qu’il peut promener son compagnon en liberté dans des endroits inconnus sans que celui-ci ne risque d’empoisonnement avec des aliments toxiques pour le chien ou simplement d’ingérer des produits rarement comestibles.
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