Alimentation des chiens et chats : conseils vétos

 

Lors de ce live, nous avons répondu aux questions envoyées par nos abonnées et abordé différents sujets sur le thème de la nutrition animale.

Question #1 - “Que pensez de la viande crue pour nos animaux de compagnie ? Le BARF est-il un équivalent ? Que peut-on en penser ?”

Nourrir son chien ou son chat avec de la viande crue est très “à la mode” en ce moment, car la tendance actuelle est le retour “au naturel”. Il y a un gros engouement parmi les propriétaires, qui veulent nourrir leur animal de compagnie “comme dans la nature”. Cependant, cette nouvelle mode alimentaire n’est pas forcément très adaptée, et ce pour plusieurs raisons.

Les animaux de compagnie sont différents des animaux “sauvages”

Les chiens et les chats de compagnie ne sont pas des animaux vivant à l’état sauvage dans la nature. Ce sont des espèces créées par l’Homme. Il n'existe pas de Bouledogue français, de Cavalier King Charles ou encore de Maine Coon sauvages dans la nature. Vouloir faire “comme dans la nature”, alors que ces espèces ne sont pas naturelles, est une démarche déjà biaisé.

Donner uniquement de la viande crue à son animal : une fausse bonne idée ?

Ne donner “que de la viande crue” sous forme de filet à son animal parce qu’il est carnivore, est en effet une mauvaise idée. Même dans la nature, un animal ne mange pas que du “filet de viande”. Un chat sauvage par exemple, lorsqu’il mange une souris, l’a dévorera entièrement : les yeux, le cerveau, les viscères, les muscles, la peau et même les os. En effet, chaque partie du corps de la souris lui apporte des nutriments différents et indispensables à sa bonne alimentation. Donner uniquement de la viande crue sous forme de filet (comme ce que mangent les humains) n’est donc pas naturel et surtout ne permet pas de nourrir son animal de compagnie de façon équilibrée.

Le BARF, “raw feeding” ou rations ménagères : définition et conseils

Le BARF consiste à reconstituer dans la gamelle de notre animal, la “proie” qu’il “aurait mangée dans la nature”.

On va donc donner de la viande, mais aussi des os, des abats et éventuellement des compléments variés selon les courants de BARF.

Ce mode de nutrition présente deux problématiques majeurs :

  • L’équilibre alimentaire est très difficile à respecter avec le BARF. Dans la nature, les animaux sauvages n’ont pas le poil brillant, l’haleine fraîche… Un animal sauvage est plutôt “sale”, malade, voire blessé… Le “but de la nature” est uniquement d’avoir un animal qui vit suffisamment longtemps pour se reproduire et transmettre son patrimoine génétique, pour finir par mourir. Alors que notre but en tant que propriétaire d’animal de compagnie, est d’avoir un animal qui vive longtemps, en bonne santé, qui sente bon, qui soit bien dans ses pattes, ce qui est loin de se rapprocher du fonctionnement de la nature. Et tout cela nécessite le respect stricte de leur équilibre alimentaire, très difficile à atteindre en utilisant uniquement des “morceaux de...”, tels que le fait le BARF ou ces autres modèles de nutrition.

  • Un problème sanitaire, la salmonellose, liée à l’utilisation de la viande crue. Si l’on reprend le parallèle avec la nature, un animal sauvage tue sa proie et la mange immédiatement. Alors que dans notre société, la production de viande crue passe par de nombreuses étapes (l’abattoir, la chaîne du froid...) qui sont loin de correspondre au fonctionnement de la nature et pendant lesquelles la contamination de la viande est possible. La salmonellose est une maladie qui peut être mortelle pour des personnes fragiles (enfants en bas âge, personnes âgées, personnes immunodéprimées ou femmes enceintes), alors qu’elle peut passer pour une simple gastro-entérite chez des personnes en bonne santé. Contrairement à notre société, les animaux “fragilisés” n’existent pas dans la nature.

Certains courants de nutrition BARF indiquent la prise de compléments comme des huiles, du kéfir, de l’ail, de la levure de bière, du poisson Tandis que d’autres limitent le BARF à la viande, aux abats, et aux os.

D’autres personnes utilisent le BARF en ajoutant des compléments (qui peuvent être naturels) sous forme d’ampoules, notamment pour les besoins en zinc et vitamine E qui sont très difficiles à couvrir simplement avec le BARF “pur”.

Question #2 - “Quelles recettes maison peut-on cuisiner pour nos chiens et chats ?”

Tout dépend de la fréquence de ces “repas-maison”.

Si c’est une fois de temps en temps, pour faire plaisir à votre animal, vous pouvez lui cuisiner ce que vous souhaitez, sous réserve de ne pas donner d’aliment toxique pour le chien ou le chat.

A l’inverse, s’il s’agit de préparer leur repas de tous les jours, dans ce cas-là il faut impérativement demander à votre vétérinaire de calculer les rations d’aliments à donner à votre animal. Car ces rations seront différentes selon la race de votre animal et ses éventuelles prédispositions (à la prise de poids par exemple), mais aussi selon son activité physique, son âge, s’il est stérilisé ou castré Cette ration-maison devra être suivie, recalculée et réadaptée régulièrement sur la durée, car votre animal, tout comme les humains, est amené à évoluer et ses besoins vont donc changer.

Question #3 “Les croquettes : avec ou sans céréales ?”

Contrairement au BARF qui est une ration ménagère et donc contraignante (il faut acheter les denrées, les préparer, les stocker), les croquettes ont l’avantage d’être beaucoup plus simples à utiliser au quotidien.

Mais avec cet engouement pour le “retour au naturel”, les industriels de la croquette ont commencé à surfer sur la tendance du BARF, en proposant des croquettes sans amidon (donc sans céréales, sans pomme de terre…), pour se rapprocher du régime naturel du loup. Sauf que c’est justement l’amidon qui permet d'obtenir le “croquant” de la croquette. Ils ont donc simplement ajouté la mention “sans céréales” sur leurs paquets, tout en conservant des ingrédients comme la pomme de terre, la patate douce, mais aussi des lentilles ou des pois… qui n'existent pas dans l’alimentation du loup !

Il n’y a aucun argument nutritionnel qui justifie de donner des croquettes “sans céréales” à son animal. Il s’agit uniquement de marketing, pour “amadouer” les propriétaires. Les croquettes “sans céréales” sont mêmes plutôt mauvaises pour la santé des chiens et chats, puisque lorsqu’on remplace une céréale comme le riz (parfaitement toléré par les animaux) par 20 ou 30% de lentilles, cela revient à faire manger un cassoulet par jour à notre animal… Ce qui ne manquera pas de lui provoquer des gaz, diarrhées et autres maux digestifs ! Certains industriels de la croquette ont donc remplacé une céréale que nous connaissons bien et qui est très bien tolérée au niveau digestif par les animaux, par des aliments que nous connaissons peu... En outre, les lentilles ou pois, sont aujourd’hui suspectés par les scientifiques de provoquer des maladies cardiaques (cardiomyopathie dilatée) chez les chiens notamment, et bien qu’il n’y ait pas de preuve absolue pour le moment, plusieurs pistes mènent à cette analyse.

Les croquettes “sans céréales” sont donc un pur produit marketing dont il faut se méfier : on ne peut pas rendre une croquette “naturelle”, même si on enlève la part de céréales qui la constitue.

Question #4 “Pourquoi les glucides sont-ils toujours soigneusement cachés sur les paquets de croquettes ?”

Les glucides ne sont pas “cachés” : ils ne sont pas affichés car ils ne sont pas dosés ou mesurés dans les croquettes industrielles.

Pour déterminer la composition d’une croquette industrielle, différents tests chimiques sont réalisés pour mesurer les taux de lipides, de protéines, de fibres, de cendres (on carbonise l’aliment pour voir ce qui ne brûle pas), et le taux d'humidité. De toutes ces mesures, on va déduire ce un reste appelé “Extractif Non-Azoté” (ENA), littéralement “tout ce qui n’est pas des protéines”. Cet ENA est majoritairement composé des glucides avec l’amidon et les fibres solubles (comme les graines de lin qui se gonflent si on leur ajoute de l’eau - à l’inverse on a les fibres insolubles, comme les poireaux ou haricots verts qui ne sont gonflent pas en présence d’eau). L’ENA n’est pas mesuré mais calculé par déduction,donc avec une marge d’erreurs cumulée en fonction des calculs pour les taux de fibres, de protéines etc. C’est donc un résultat “à la louche” dans lequel se trouve l’amidon et les fibre solubles. Mais d’un point de vue nutritionnel, cela n’a pas de sens. Cela revient à comparer des choux et des carottes : on ne remplacerait pas des carottes par des choux de Bruxelles dans une recette par exemple. Afficher les glucides tout en ayant connaissance de la méthode peu fiable utilisée, n'apporterait donc aucune information pertinente d’un point de vue nutritionnel.

Les vétérinaires ont des “products books”, une sorte de catalogue des croquettes vétérinaires, qui contiennent le détail de la composition des croquettes produites par des marques vétérinaires (amidon, fibres solubles et insolubles…).

Contrairement aux marques vétérinaires, qui mesurent précisément et peuvent garantir la composition de leurs croquettes, les “petites” marques de croquettes, notamment sur internet, achètent des croquettes à une usine qui ne leur donne que les données réglementaires du produit (protéines, lipides, cellulose brute, cendre brute) à partir desquelles on peut déduire l’ENA à la louche, mais qui ne sera jamais juste. Afficher les valeurs nutritionnelles sur les croquettes industrielles demanderait aux marques d’effectuer des analyses coûteuses, qui ne sont pas dans leurs moyens. Elles se contentent donc de croire l’usine sur parole.Pour établir ces données réglementaires, l’usine a utilisé un logiciel de formulation dans lequel on entre les ingrédients utilisés, et qui va prédire (comme la météo) ce qu’il y aura dans la croquette finale. Mais cela reste de la théorie et l’erreur est tout à fait possible. 

Question #5 “Quels sont les avantages et inconvénients de chaque mode d’alimentation ?”

Le BARF et les rations ménagères

- Avantage :

Le BARF utilise des produits non-transformés et donc de bonne qualité nutritionnelle.

- Inconvénient :

Le BARF pose un problème écologique…! Si tous les animaux suivaient ce régime alimentaire et mangeaient des filets de poulet ou autres sources de protéines “fraîches”, nous aurions un sérieux problème de pression sur la consommation des ressources pour en produire suffisamment, à la fois pour les humains et pour nos animaux. Or, la production de viande pollue énormément et nous sommes déjà censés, nous-même en tant qu’humains, diminuer notre consommation de viande à l’heure actuelle pour atténuer les conséquences sur notre environnement.

Les croquettes et la pâté

- Avantages des croquettes :

• Les croquettes sont plus écologiques car elles sont fabriquées à partir de co-produits animaux (rognons, abats…), que les humains ne mangent pas (ou très peu), mais qui sont totalement comestibles et bons au niveau nutritionnel pour les animaux. Cela permet donc de ne pas gâcher et polluer avec les “restes” d’animaux provenant de la production de viande.
• Elles sont pratiques à stocker et à distribuer
• Les croquettes sont économiques et donc accessibles à toutes les bourses
On peut utiliser les croquettes pour des jeux éducatifs et de stimulation mentale (chasse au trésor, enseigner un tour…)

- Inconvénients des croquettes :

Rien en particulier.

- Avantages de la pâté :

• Elle peut être utilisée comme un aliment plaisir donc éducatif : on peut s’en servir de récompense quand on éduque son chat par exemple.
• Elle participe à l’hydratation de l’animal, en particulier celle des chats qui sont de “petits buveurs”.

- Inconvénients de la pâté :

• C’est un produit assez cher si on l’utilise comme repas quotidien.
• La pâté ne permet pas d’être utilisée comme élément de jeu (on évite généralement la chasse au trésor avec du pâté caché dans le placard...).
• On ne peut pas utiliser de gamelle anti-glouton ou distributeur de croquettes avec de la pâté.

CONSEIL POUR LES FUTUR(E)S PROPRIÉTAIRES DE CHATS :

Les chats sont des animaux qui ne sont pas très dociles et qu’il est complexe de “dresser”. Si vous accueillez un chaton, il est très important de lui apprendre à être flexible en lui faisant manger de tout (croquettes, pâté, ration ménagère...). Cela permettra en cas de problèmes urinaires dans le futur, de lui donner une alimentation uniquement humide (donc pas de croquettes) pour l’aider à se soigner, tout en étant sûr que le chat ne refusera pas de se nourrir (car il aura été habitué depuis tout petit). Un chat qui n’a pas été habitué depuis tout petit à manger autre chose que des croquettes, ne sera pas plus enclin à le faire une fois adulte. Et on n’oblige pas un chat à faire quoique ce soit… ;)

Question #6 “Comment prévenir l’obésité chez mon chien ou mon chat ?”

La prévention de l'obésité joue sur deux volets : l’alimentation et l’activité physique.

L’alimentation de votre chat d’intérieur doit être équilibrée en fonction de sa race, son âge, son état de santé, de sa possible stérilisation / castration, de ses éventuelles prédispositions génétiques, et de son activité physique. N’hésitez pas à consulter votre vétérinaire, pour qu’il vous donne des conseils adaptés sur l’alimentation à prodiguer à votre animal.

Un chat d’appartement, souvent stérilisé, qui passe ses journées à dormir et qui ne se dépense pas particulièrement, a de fortes chances de finir en surpoids, voire de devenir obèse. Finalement, un chat d’intérieur est en “confinement”, mais lui, c’est pour toute sa vie !

En plus d’une alimentation équilibrée, il faut aussi s’assurer qu’il a une bonne activité physique : jouez avec votre chat, pour le stimuler mentalement et physiquement… Vous êtes sa seule source de distraction, alors qu’il reste seul toute la journée. S’il ne trouve pas de quoi se dépenser, votre chat va s’ennuyer… et finir par manger plus. Et s’il se trouve que votre chat a en plus accès à de la nourriture “à volonté”, il viendra indubitablement picorer toute la journée… et finira par grossir !

Quelques conseils si vous avez un chat d’appartement (généralement stérilisé) :

Ne laissez pas de la nourriture à volonté ; distribuez-la à heures fixes et par “petites” portions, en respectant les dosages indiqués par votre vétérinaire.

Utilisez des gamelles anti-gloutons ou des techniques de jeux pour lui complexifier l’accès à sa nourriture et l’obliger à “chercher” et à se “bouger” pour obtenir sa nourriture.

Jouez avec lui tous les jours ! C’est de votre responsabilité, au risque qu’il tombe en dépression (eh oui elle existe même chez les animaux !). Écoutez ses besoins, observez-le pour savoir combien de temps il souhaite jouer, ce qu’il préfère comme jeu...

 

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