Le site du 4C (Collectif Contre la Catégorisation des Chiens) était en sommeil. Mais c’était mal connaître son animateur, Emmanuel Tasse (voir photo ci-dessous), que de penser qu’il avait baissé les bras. Lui qui est par ailleurs président du FAST, club de l’amstaff (American Staffordshire terrier) en France, a depuis longtemps pris la défense des chiens dits « dangereux ».
Il avait donc imaginé ce collectif auquel il donne aujourd’hui un nouvel élan. Dans sa nouvelle mouture, le collectif du 4 C revient sur le devant de la scène. Car la problématique des chiens dits dangereux, même si l’effet de mode des années 2000, a eu tendance avec le temps à se faire quelque peu oublier, n’a pas disparu pour autant.
Les propriétaires de chiens catégorisés font toujours les frais d’un grand nombre d’obligations contraignantes. Et les chiens de type molossoïde… du « délit de sale gueule ».
Cela touche les chiens de deuxième catégorie principalement, tels que définis par la loi de janvier 1999. Car depuis sa mise en place, il ne devrait plus être possible de voir apparaître des chiens de première catégorie, ces derniers ayant l’obligation d’être stérilisés et ne pouvant pas faire l’objet d’importation en France. Ce qui n’empêche que non inscrits au LOF (Livre des Origines Français), certains chiens encourent toujours le risque de passer en première catégorie !
Chiens dangereux : une loi sans fondement scientifique
L’objectif du collectif 4C, qui ‘’repart en guerre’’ est clair et « simple », comme indiqué sur le site Internet dédié : « Afficher un front commun, au travers de principes de base partagés, permettant ainsi à chaque membre de s'en prévaloir dans le cadre de son action concernant les lois sur les chiens dits "dangereux". »
« Moi, je n'ai qu'un chiffre qui me hante : 15.000 chiens euthanasiés depuis janvier 1999 simplement à cause de leur appartenance raciale ou de leur morphologie ! Donc, oui, la situation est très préoccupante », explique Emmanuel Tasse.
Donc même s’il a eu à s’occuper activement du club dont il est le président, il n’en a pas oublier tous ces chiens dits « dangereux » pour autant, dont on sait finalement que leur « dangerosité potentielle n’est pas liée » à leur appartenance raciale. « La loi sur les chiens dits ‘’dangereux’’ est sans fondement scientifique et statistique », rappelle la nouvelle version du site du 4C. Elle est « inefficace quant à la réduction des morsures de chiens, injuste et contre-productive ».
Une loi qui loi fêtera son "triste" vingtième anniversaire
Plusieurs aspects ont motivé Emmanuel Tasse à relancer l’action du 4C, le convaincant que « c’était le non moment ». Dans un peu plus d'un an cette loi fêtera son "triste" vingtième anniversaire, tient-il à rappeler à ceux qui l’auraient oublié. « Le délai est amplement suffisant pour démontrer qu'elle ne fonctionne pas. Je prendrai qu'un exemple : depuis la mise en place en France de la loi sur les chiens dits dangereux, le nombre de cas de morsures mortelles est en progression de + 40% : sur les 16 années précédant la mise en place de la loi 19 cas ; sur les 16 années suivant la mise en place de la loi : 27 cas. »
Ecouter les spécialistes !
Si la voix d’Emmanuel Tasse ne suffisait pas à convaincre, il en appelle à écouter les spécialistes : selon la Fédération des Vétérinaires Européens, « bien que plusieurs pays aient adopté des mesures spécifiques à certaines races de chiens, il n’y a aucun élément scientifique ou statistique prouvant que cela ait effectivement réduit la fréquence ou la sévérité des morsures sur les personnes ».
Le ‘’renouveau’’ du 4C arrive également après que la France ait connu un changement politique important : « Nouveau Président de la République, près de 75% des députés renouvelés, etc. Peut-être que ces nouveaux parlementaires seront moins démagogues ? », espère l’animateur du collectif. Avant de poursuivre : « Quant à notre nouveau Président de la République, il disait ceci lors de son discours devant le Congrès du 3 juillet 2017 : " Il est souhaitable qu’on évalue l’utilité des lois plus anciennes afin d’ouvrir la possibilité d’abroger les lois qui auraient par le passé été trop vite adoptées, mal construites, ou dont l’existence aujourd’hui représenterait un frein à la bonne marche de la société française ". Et bien je luis dis chiche ! »
Mettre en place une réelle politique de prévention des morsures
Par ailleurs, de récentes études françaises (Institut de Veille Sanitaire, Agence nationale de sécurité sanitaire de l'alimentation, de l'environnement et du travail) viennent démontrer que l'évaluation comportementale systématique des races ciblées comme dangereuses ne sert à rien, souligne encore Emmanuel Tasse : « Près de 98% des chiens évalués ne présentent pas de risque hormis ceux inhérents à l'espèce canine ou un risque faible. Et certaines mesures, comme la déclaration obligatoire des cas de morsures (que je soutenais en 2008) ne sont pas appliquées : moins de 1% des cas de morsures seraient déclarés selon mes estimations ! »
« Tout ceci me laisse à penser qu'il est grand temps de mettre en place une réelle politique de prévention des morsures de chiens. Il ne faut pas oublier qu'un cas de morsure a lieu toutes les deux minutes ! », estime Emmanuel Tasse. Cela laisse effectivement à réfléchir…
Qu’attendre des politiques selon lui ? « Une prise de conscience ! La solution qui existe en France ne marche pas en terme de prévention des morsures de chiens. Il faut donc passer à autre chose que l'on pourrait résumer ainsi :
- une réelle application de certaines mesures existantes (identification des chiens, déclaration des morsures, par exemple) ;
- la mise en place d'une structure destinée à récolter les données recueillies, les analyser et les comprendre afin de mieux les adapter ;
- la gestion des chiens potentiellement dangereux au cas par cas, en fonction de leur propre comportement et non de leur appartenance raciale ;
- une stratégie globale de sensibilisation et d'(in)formation multidirectionnelle : producteurs, propriétaires, collectivités, forces de l'Ordre, professions de la santé, personnes à risque dont principalement les enfants, parents, et… public en général. »
Appel du 4C : pourquoi y répondre ?
Répondre à l’appel du 4C, à quoi cela permettra t-il d’espérer ? « C'est permettre d'afficher un front commun et un poids de la démarche », assure Emmanuel Tasse, animateur du 4C.
« Nous sommes très nombreux, nous professionnels du chien, à avoir la même analyse de la situation, mais chacun prêche dans son coin. Pour avancer, nos politiques ont non seulement besoin qu'on leur propose des solutions alternatives mais aussi qu'on soit en mesure de leur prouver qu'elles sont portées par des dizaines, voire centaines, de professionnels et soutenues par des dizaines de milliers de personnes. D'où l'importance pour moi que nombreux soient les professionnels qui rejoignent le Collectif et encore plus nombreux soient les particuliers qui signent la pétition » (voir encadré).
Enfin, l’animateur du 4C n’a pas encore diffusé l’action du collectif à l'étranger, « mais c'est aussi l'objectif. Je finalise la version du site en anglais et des premiers échanges me permettent déjà de savoir compter sur, par exemple, la Royal Society for the Prevention of Cruelty to Animals en Grande-Bretagne. Pour la France, c'est un peu tôt, j'ai initié le mouvement il n’y a que quelques jours. Mais je compte bien sur des organisations, notamment vétérinaires, pour s'associer au mouvement », conclut-il.
Pour en savoir plus sur les actions du 4C
- Visitez le site Internet
Collectif Contre la Catégorisation des Chiens
- La pétition peut-être signée en ligne ; ou bien être téléchargée et diffusée sous format papier… autour de soi !
SantéVet
Assurer son animal, c’est pas bête !
SantéVet assure tous les chiens !
SantéVet assure tous les chiens, quelle que soit la race ou le type auquel ils appartiennent. Il est également possible de souscrire en option une assurance responsabilité civile obligatoire pour les chiens dits dangereux, et que SantéVet ‘’accorde’’ à tous types de chiens. Une option que l’on peut également étendre pour les chiens non catégorisés afin de mieux se couvrir dans le cas où votre compagnon venait à causer des dommages à autrui.
Visuel et photo : 4C / DR