Myélopathie dégénérative du chien : comprendre et accompagner cette maladie neurologique évolutive

 

La myélopathie dégénérative est une maladie neurologique grave qui affecte la moelle épinière des chiens. Cette pathologie entraîne une paralysie progressive des membres postérieurs. D'origine génétique, elle touche particulièrement les grandes races. Sans traitement curatif connu, son diagnostic précoce et sa prise en charge adaptée restent essentiels pour maintenir la qualité de vie du chien.

Qu'est-ce que la myélopathie dégénérative ?

Cette pathologie se caractérise par une dégradation progressive de la gaine de myéline, substance qui protège les fibres nerveuses de la moelle épinière. Le processus débute généralement vers l'âge de 8-9 ans, parfois plus tôt chez certaines races prédisposées.

La démyélinisation entraîne une perturbation des signaux nerveux entre le cerveau et les muscles. Cette détérioration s'accompagne d'une atrophie des cellules nerveuses, comparable à la sclérose latérale amyotrophique chez l'humain.

Un test génétique permet désormais d'identifier la mutation du gène SOD1, responsable de la maladie. Cette avancée scientifique aide les vétérinaires à établir un diagnostic précoce et à mettre en place un accompagnement adapté.

Les causes génétiques et la transmission

Le rôle de la consanguinité

La pratique répétée des accouplements entre chiens apparentés augmente considérablement le risque de transmission de l'anomalie génétique. Cette reproduction en cercle fermé multiplie les chances que deux reproducteurs porteurs s'accouplent.

Un phénomène particulièrement observable dans certaines races populaires où la sélection intensive a réduit la diversité génétique. Les études montrent que les mariages consanguins ont favorisé la propagation du gène défectueux au sein de nombreuses lignées canines.

Des recherches récentes révèlent que les races ayant subi une forte pression de sélection (notamment le Berger Allemand) présentent des taux plus élevés de chiens porteurs. Cette situation souligne l'importance cruciale d'une gestion raisonnée des accouplements pour préserver la santé des futures générations.

Le statut de porteur sain

Un chien porteur sain possède une copie normale et une copie mutée du gène SOD1. Cette configuration génétique particulière signifie que l'animal ne développera pas la maladie au cours de sa vie.

Les laboratoires vétérinaires peuvent désormais identifier trois statuts distincts grâce aux tests ADN :

  • Chien sain : aucun risque de développer ou transmettre la maladie
  • Chien porteur : ne développe pas la maladie mais peut la transmettre à 50% de sa descendance
  • Chien atteint : présente deux copies du gène muté et développera la pathologie

Cette distinction permet aux éleveurs d'adapter leurs choix reproductifs. Par exemple, un porteur sain doit uniquement être associé à un partenaire totalement sain pour éviter tout risque de chiots malades.

Les races les plus touchées

Certaines races sont plus prédisposées à la myélopathie dégénérative en raison de facteurs génétiques :

  • Berger Allemand : C'est l'une des races les plus couramment affectées. La myélopathie dégénérative est fréquente chez cette race, notamment chez les chiens âgés de 8 ans et plus.
  • Welsh Corgi Pembroke : C'est également une des races les plus touchées.
  • Golden Retriever : Bien qu'elle soit moins fréquente que chez le Berger Allemand, la MD touche aussi cette race, en particulier les chiens plus âgés.
  • Labrador Retriever : Les Labradors, en particulier ceux âgés, peuvent développer cette maladie.
  • Cavalier King Charles Spaniel : Cette petite race est également sujette à la myélopathie dégénérative, bien que moins souvent que les grandes races.
  • Boxer : Les Boxers sont prédisposés à diverses affections neurologiques, dont la myélopathie dégénérative, surtout lorsqu'ils vieillissent.
  • Chesapeake Bay Retriever : Une autre race de retriever qui peut être touchée par la myélopathie dégénérative, surtout chez les chiens âgés.
  • Schnauzer Géant : Bien que plus rares, des cas de myélopathie dégénérative ont été observés chez les Schnauzers géants.

myelopathie corgi gazon

Les symptômes évolutifs à reconnaître

La paralysie du train arrière

Les premiers signes de la maladie se manifestent par une faiblesse musculaire progressive au niveau des pattes arrière. Le chien commence à traîner ses membres postérieurs, provoquant une usure caractéristique des griffes sur le sol.

La démarche devient instable, avec des croisements fréquents des pattes arrière. Le chien peine à se relever et montre des difficultés grandissantes pour monter les escaliers ou sauter dans la voiture.

Une diminution notable de la masse musculaire s'observe au niveau du train arrière. Au fil des semaines, la faiblesse s'accentue jusqu'à rendre les déplacements très compliqués. Les chutes deviennent plus fréquentes, particulièrement sur les surfaces glissantes comme le carrelage.

Les troubles de la coordination

Les perturbations neurologiques affectent graduellement l'équilibre du chien. Sa démarche devient oscillante, particulièrement visible lors des changements de direction ou sur terrain accidenté. Le cerveau peine à synchroniser les mouvements des quatre pattes.

Un signe caractéristique se manifeste lorsque le chien place ses pattes dans une position anormale sans s'en rendre compte. Cette perte des réflexes proprioceptifs s'accompagne d'une difficulté croissante à maintenir son équilibre en position statique.

Les activités quotidiennes deviennent complexes : franchir une porte, contourner un obstacle ou même rester immobile pendant le repas requiert des efforts considérables de concentration pour l'animal.

L'incontinence progressive

À un stade avancé de la maladie, le système nerveux autonome se dégrade, entraînant des difficultés de contrôle des sphincters. Les muscles qui régulent la miction et la défécation perdent leur tonicité, rendant la rétention des urines et des selles complexe.

Cette perte d'autonomie se traduit par des accidents urinaires nocturnes dans un premier temps. Les maîtres remarquent des fuites sur le lieu de couchage ou pendant le sommeil de leur animal. La situation évolue vers une perte totale du contrôle des besoins.

Les infections urinaires deviennent fréquentes à cause de la rétention partielle. Une surveillance accrue et des soins d'hygiène quotidiens s'avèrent nécessaires pour maintenir le confort et la dignité du chien.

Le parcours du diagnostic médical

L'importance de l'IRM

L'imagerie par résonance magnétique est un outil diagnostique majeur pour visualiser avec précision la moelle épinière. Cette technologie permet d'obtenir des images en trois dimensions des tissus nerveux et d'observer leur état de dégénérescence.

L'avis de Santévet : L'IRM est un examen incontournable en cas d'affection neurologique. Son prix est élevé : environ 300 à 500 euros, mais ce type d'examen est remboursé par l'assurance santé pour chien.

Un examen qui dure environ 45 minutes se déroule sous anesthésie générale. Le vétérinaire neurologique analyse particulièrement la région thoraco-lombaire, zone où les lésions apparaissent en premier. Les images révèlent la présence d'autres affections potentielles comme une tumeur ou une hernie discale.

La réalisation d'une IRM précoce aide à établir un plan thérapeutique personnalisé. Cette approche diagnostique, combinée à d'autres examens comme la ponction du liquide cérébro-spinal, permet d'adapter au mieux l'accompagnement du chien malade. 

Les tests génétiques disponibles

Un test ADN spécifique permet aujourd'hui d'identifier la mutation du gène SOD1, responsable de la myélopathie dégénérative. Cette analyse s'effectue à partir d'un simple prélèvement buccal réalisé par le vétérinaire.

Les résultats, disponibles sous 7 à 10 jours, révèlent si l'animal est sain, porteur ou atteint. Cette information s'avère particulièrement précieuse pour les éleveurs qui souhaitent écarter les reproducteurs à risque. Le coût du test varie entre 70 et 120 euros selon les laboratoires. 

myelopathie vieux labrador sable

Comment soigner cette maladie ?

Il n'existe pas de traitement curatif de la myélopathie dégénérative, les soins visent donc à améliorer le confort de vie de l'animal.

La gestion de la douleur

Bien que la myélopathie ne génère pas de souffrance directe, des douleurs musculaires peuvent survenir à cause de la compensation du train arrière. La physiothérapie régulière permet de prévenir ces tensions : massages ciblés, étirements doux et exercices de mobilisation passive soulagent efficacement l'animal.

L'application locale de chaleur via des coussins thermiques détend les muscles crispés. Pour un effet optimal, alternez avec des périodes de froid qui réduisent l'inflammation. 

Les équipements adaptés

Un harnais de soutien aide votre chien à se déplacer en soulageant son train arrière. Les modèles réglables s'adaptent à sa morphologie et accompagnent l'évolution de sa mobilité. Les bottes antidérapantes protègent ses pattes lors des déplacements sur sols glissants.

Pour les stades plus avancés, un chariot sur mesure redonne de l'autonomie à votre compagnon. Ces équipements légers, munis de roues adaptées, maintiennent l'arrière-train tout en laissant les pattes avant libres de leurs mouvements.

L'aménagement du domicile joue aussi un rôle majeur : des tapis antidérapants placés stratégiquement et des rampes d'accès facilitent les déplacements quotidiens de votre animal, notamment vers son lieu de couchage ou sa gamelle.

Quand euthanasier un chien atteint de myélopathie dégénérative ?

La décision d'euthanasie survient généralement lorsque la paralysie s'étend aux pattes avant, rendant les déplacements impossibles malgré les aides techniques. Un signe déterminant apparaît quand votre compagnon perd sa capacité respiratoire à cause de l'atteinte de sa cage thoracique.

Le vétérinaire évalue la qualité de vie de l'animal selon plusieurs critères : sa capacité à se nourrir seul, son état psychologique et son niveau d'autonomie. La plupart des propriétaires prennent cette décision dans les 12 à 18 mois suivant le diagnostic, quand les premiers signes de paralysie générale s'installent.

Un suivi vétérinaire aide à anticiper cette étape. Le professionnel pourra vous accompagner dans ce choix difficile en évaluant objectivement l'évolution du pronostic de votre animal.

La myélopathie dégénérative est donc une affection neurologique grave qui peut toucher les chiens âgés. Il n'existe pas de traitement curatif ni de moyens de prévenir son apparition.

Santévet

Leader de l'assurance santé animale

Sources : 

  • Thèse vétérinaire "Contribution à la démarche diagnostique face à une myélopathie chez le chien", G. PONCELAS
  • "Neurologie clinique du chien et du chat", L. CAUZINILLE
  • "Handbook of veterinary neurology", M. D. LORENZ, J. N. KORNEGAY