Le syndrome de pica chez le chien et le chat

 

Le syndrome de pica se caractérise par le fait de manger des choses non comestibles. Bien que rare, cette condition peut se rencontrer chez les animaux de compagnie.

Qu'est-ce que le syndrome de pica ?

Le syndrome de pica se caractérise par l’ingestion volontaire et répétée de substances non alimentaires ou non comestibles. Ce trouble, bien connu en médecine humaine, peut également affecter les animaux domestiques tels que les chiens, les chats, et parfois les lapins ou les oiseaux. Contrairement à un comportement exploratoire normal, le pica reflète un trouble comportemental ou métabolique plus profond qui doit être identifié et traité pour éviter des conséquences graves pour la santé de l’animal.

Les substances couramment ingérées sont les textiles (chaussettes, tissus), le plastique, le papier, les cailloux, le bois, et même des objets dangereux comme les métaux ou les produits toxiques. L’ingestion de tels objets peut entraîner des complications, telles que des occlusions intestinales, des perforations, ou des intoxications.

Quelles sont les causes de pica chez les animaux ?

Le pica peut avoir de multiples origines, qu’elles soient comportementales, physiologiques, ou environnementales. Identifier la cause sous-jacente est essentiel pour adapter la prise en charge de l’animal.

Causes comportementales

De nombreuses causes comportementales peuvent être à l’origine du pica. Parmi les plus courantes :

  • L’ennui et le manque de stimulation : Les animaux qui ne reçoivent pas suffisamment de stimulation mentale ou physique peuvent développer des comportements compulsifs, comme l’ingestion d’objets inappropriés. Ce phénomène est fréquent chez les chiens laissés seuls trop longtemps ou chez les chats vivant en intérieur sans enrichissement environnemental.
  • L’anxiété ou le stress : Le stress chronique ou des situations anxiogènes, comme des changements dans l’environnement (déménagement, nouvel animal, etc.), peuvent conduire à des comportements compulsifs. Chez certains animaux, le pica peut servir de mécanisme d’apaisement.
  • Le sevrage précoce : Les chiots ou chatons sevrés trop tôt peuvent développer des comportements oraux persistants, incluant le pica. Ce comportement pourrait être lié à un besoin non comblé de succion.
  • Les troubles obsessionnels-compulsifs (TOC) : Chez certaines races prédisposées (notamment les Bouledogues français, les Labrador Retrievers, ou les Siamois), le pica peut s’inscrire dans un tableau plus large de TOC.

Origines physiologiques et métaboliques

Certaines conditions métaboliques ou physiologiques peuvent également expliquer le pica :

  • Les carences nutritionnelles : Les déficits en minéraux, vitamines, ou acides aminés essentiels peuvent pousser un animal à rechercher des substances non alimentaires dans une tentative de compenser ces carences. Par exemple, une carence en fer ou en zinc peut être associée au pica.
  • Les maladies gastro-intestinales : Des troubles digestifs chroniques, comme une gastrite ou une insuffisance pancréatique exocrine, peuvent entraîner des comportements alimentaires anormaux.
  • Les maladies endocriniennes : Des pathologies comme l’hypothyroïdie ou le diabète peuvent perturber l’appétit de l’animal, provoquant parfois l’ingestion de substances inhabituelles.
  • Les parasitoses : Une infestation parasitaire importante (ascaris, ankylostomes, etc.) peut être associée à une modification des comportements alimentaires.
  • Les troubles neurologiques : Les anomalies du système nerveux central, comme une lésion cérébrale ou une épilepsie, peuvent influencer les comportements alimentaires de manière imprévisible.

Causes environnementales et autres facteurs

  • Le manque d’éducation ou d’encadrement : Chez les jeunes animaux, un manque d'éducation peut permettre le développement de comportements inappropriés, comme le pica. Cela peut être amplifié si les propriétaires ne corrigent pas ces comportements rapidement.
  • L’imitation ou la curiosité : Les chiots et les chatons sont naturellement curieux et peuvent commencer à ingérer des objets en imitant d’autres animaux ou par simple exploration de leur environnement.
  • Les conditions de vie inadaptées : Les animaux vivant dans des environnements surpeuplés, insalubres, ou stressants (chenils, refuges mal gérés) sont plus susceptibles de développer des comportements pathologiques comme le pica.
  • L’appétit : Certains animaux présentent une hyperphagie (appétit anormalement élevé) qui peut les pousser à manger tout ce qui est à leur portée, qu’il s’agisse de nourriture ou non.

chien gamelle

Quelles sont les conséquences du pica chez les animaux ?

Le syndrome de pica peut avoir des répercussions graves sur la santé des animaux. Les conséquences les plus courantes incluent :

  • Occlusions intestinales : L’ingestion d’objets volumineux ou non digestibles, comme des chaussettes, des pierres ou du plastique, peut bloquer le transit intestinal. Cette condition peut provoquer des douleurs abdominales intenses, des vomissements, une perte d’appétit, et même un état de choc si elle n’est pas traitée rapidement. Une intervention chirurgicale est souvent nécessaire pour retirer l’objet.
  • Perforations gastro-intestinales : Les objets tranchants ou pointus, tels que des morceaux de bois ou des os, peuvent perforer la paroi de l’estomac ou des intestins, entraînant une péritonite (inflammation de la cavité abdominale), qui est une urgence vitale.
  • Intoxications : L’ingestion de substances toxiques, comme des batteries, des produits ménagers ou des plantes vénéneuses, peut provoquer des empoisonnements graves. Les symptômes varient en fonction de la substance, mais incluent souvent des vomissements, des troubles neurologiques, ou des défaillances organiques.
  • Usure ou fracture des dents : Mâcher des objets durs, comme des pierres ou des métaux, peut endommager les dents de l’animal, provoquant des douleurs, des infections dentaires et des difficultés à manger.
  • Infections et inflammations : Les objets étrangers qui stagnent dans l’estomac ou les intestins peuvent favoriser les infections locales, comme les abcès ou les inflammations des muqueuses digestives.
  • Stress et anxiété accrus : En plus des conséquences physiques, le pica peut être à la fois une cause et une conséquence de stress. Les animaux souffrant de pica peuvent entrer dans un cercle vicieux où leur mal-être psychologique aggrave leur comportement compulsif.

Comment diagnostiquer l'origine de la maladie de pica ?

Le diagnostic du pica repose sur une analyse approfondie de l’animal et de son environnement. Voici les principales étapes :

  • Recueil des antécédents : Le vétérinaire interroge le propriétaire sur les habitudes de l’animal : fréquence du comportement de pica, types d’objets ingérés, contexte (stress, ennui, changements récents dans la maison, etc.). Les antécédents médicaux (maladies chroniques, traitements en cours) sont également pris en compte.
  • Examen clinique complet : Le vétérinaire vérifie l’état général de l’animal, recherche des signes de carences nutritionnelles (pelage terne, amaigrissement) ou de douleur abdominale.
  • Examens complémentaires :
    • Analyse de sang : Elle permet d’évaluer les carences (fer, zinc, vitamines), les signes d’inflammation ou d’infection, et de déceler des maladies systémiques comme le diabète ou l’hypothyroïdîe. Il coûte entre 75 et 200 euros.
    • Imagerie : Une radiographie ou une échographie peut être réalisée pour repérer la présence d’objets étrangers dans le tube digestif. Le tarif est entre 50 et 150 euros.
    • Analyse des selles : Elle permet de rechercher une infestation parasitaire (ascaris, ankylostomes) qui pourrait expliquer le comportement. Une analyse de matières fécales coûte environ 100 euros.
  • Analyse comportementale : Si aucune cause médicale n’est identifiée, le vétérinaire peut suspecter un trouble comportemental (ennui, anxiété, TOC) et recommander une consultation avec un comportementaliste animalier.

Ces frais de diagnostic sont remboursés par l'assurance santé pour animaux. 

Comment soigner le syndrome de pica chez le chat ?

Le traitement du pica chez le chat dépend de la cause sous-jacente : 

  • Traitement des causes médicales : Si une carence ou une maladie sous-jacente est identifiée, le traitement approprié est mis en place (compléments alimentaires, vermifuges, traitements pour maladies endocriniennes, etc.).
  • Enrichissement de l’environnement : Les chats vivant en intérieur ont souvent besoin de plus de stimulation mentale et physique. Donner des jouets interactifs, des arbres à chat, des surfaces à gratter, ou même des aliments en distributeurs ludiques peut réduire leur ennui.
  • Modification de l’alimentation : Une alimentation équilibrée, riche en protéines animales de qualité, peut répondre aux besoins nutritionnels du chat et limiter les comportements compulsifs.
  • Thérapie comportementale : En cas d’anxiété, un comportementaliste peut aider à identifier et à résoudre les sources de stress. Des phéromones apaisantes (diffuseurs ou sprays) peuvent également être utilisées.
  • Sécurisation de l’environnement : Les objets dangereux ou attirants doivent être rangés hors de portée. Si nécessaire, des sprays au goût amer peuvent être appliqués sur certains objets pour dissuader le chat.

chat jouet

Comment stopper le trouble de pica chez le chien ?

Chez le chien, la gestion du pica implique également une approche globale :

  • Traitement médical : Comme pour le chat, les carences et maladies sous-jacentes doivent être traitées en priorité.
  • Renforcement de l’éducation : Les ordres de base ("laisse", "pas toucher") doivent être enseignés ou renforcés pour mieux contrôler le chien en promenade. Utiliser le renforcement positif (friandises, caresses) pour encourager les comportements appropriés.
  • Augmentation de l’activité physique et mentale : Un chien fatigué physiquement et mentalement est moins susceptible de s’intéresser à des objets non comestibles. Les jeux interactifs, les promenades régulières, et les exercices d’obéissance sont essentiels.
  • Prévention et gestion de l’environnement : Ranger les objets dangereux hors de portée est primordial. Lors des promenades, l’utilisation d’une muselière peut être nécessaire pour éviter l’ingestion d’objets.
  • Consultation avec un comportementaliste : Si le pica est lié à un trouble obsessionnel-compulsif ou à une anxiété sévère, une thérapie comportementale spécifique sera recommandée.
  • Médication si nécessaire : Dans certains cas graves, des médicaments (anti-anxiétés, antidépresseurs) peuvent être prescrits par le vétérinaire.

L'avis de Santévet : Le pica est souvent d'origine alimentaire ou comportementale. Ayez les bons réflexes : donnez à votre animal une alimentation de haute qualité, et prenez en charge ses éventuels troubles comportementaux avec un spécialiste.

En conclusion, le syndrome de pica est un trouble assez rare, qui a des origines multiples et peut avoir des conséquences graves s'il n'est pas pris en charge à temps.

Santévet

Leader de l'assurance santé animale