Uggie, The Artist : un chien publie ses mémoires

SantéVet : Quel est votre parcours d’acteur canin avant The Artist ? 

Uggie : J’ai tourné dans plusieurs publicités et séries américaines. Au cinéma, le film « De l’eau pour les éléphants » a permis au public français de me connaître. J’y jouais le rôle de « Queenie ».

SantéVet : Est-ce beaucoup de travail, d’entraînement ? 

Uggie : Je suis naturellement doué, mais je ne vous cache pas qu’il faut beaucoup de patience et d’entraînement. Je voudrais pour cela remercier mon dresseur, Omar Von Muller [photo ci dessous, Ndlr], qui m’a donné énormément d’amour et m’a tout appris. C’est une très belle histoire qui nous lie puisque Omar m’a recueilli dans un chenil.

SantéVet : Comment s’est déroulé le casting pour ce film qui vous a enfin rendu célèbre ? 

Uggie : Un jour, Michel Hazanavicius, le producteur du film, est venu à la maison avec une petite caméra. Il m’a demandé de faire quelques numéros et une semaine plus tard, Omar et moi étions embauchés !

« La célébrité a changé ma vie. J’ai même été reçu à la Masion Blanche. »

SantéVet : D’ailleurs, qu’a changé pour vous cette célébrité ? 

Uggie : Cette célébrité a changé ma vie. Désormais, je voyage toujours en première classe. J’ai mon propre siège ! Je ne me nourris que de choses délicieuses, je me déplace beaucoup, suis logé dans des palaces somptueux et j’ai même été reçu à la Maison Blanche. Que rêver de mieux !

SantéVet : Une vie de chien sur les plateaux, est-ce comme pour les acteurs, avec de longs moments à attendre le clap, les prises à refaire, etc. ?

Uggie : Chiens ou humains, peu importe, nous sommes des acteurs avant tout, entièrement dévoués aux caprices du réalisateur. 

Le film « The Artist » offrait l’énorme avantage de permettre de nombreuses prises. Je dois tout de même vous avouer que la plupart des erreurs étaient humaines… 

Le plus long pour moi était les séances de maquillage quotidiennes. En cas de problème, on aurait utilisé ma doublure, Dash. Mais Dash possède plusieurs tâches sur son pelage et il fallait donc que nous soyons en tous points identiques au cas où on aurait fait appel à elle. Ce maquillage s’est avéré complètement inutile puisque j’ai tourné moi-même toutes les scènes où j’apparais dans le film sauf une. Mais comment savoir à l’avance ? 

SantéVet : Le bien-être animal est-il pris en considération par les équipes de tournage et la production ? 

Uggie : Bien entendu, toute l’équipe du tournage veille au bien-être des animaux. Imaginez le travail des dresseurs dans « De l’eau pour les éléphants » où il y avait des girafes, des éléphants, des zèbres et des lions ! Il faut une sacrée organisation pour que tout ce petit monde s’entende…

SantéVet : Quels sont les acteurs avec lesquels vous avez le plus – et le moins aussi ! – aimé travailler ? 

Uggie : Jean Dujardin est un partenaire formidable. Avant le tournage de « The Artist », nous avons passé ensemble 15 jours délicieux dans une villa de Los Angeles pour faire connaissance et nous apprivoiser l’un l’autre. Jean Dujardin est un tellement bon acteur que lors de la scène de son suicide dans « The Artist », j’ai réellement cru qu’il voulait mettre fin à ses jours et je me suis mis à aboyer comme un fou furieux pour l’en empêcher.

Mais la plus merveilleuse actrice pour moi est Reese Whiterspoon, l’amour de ma vie, à qui j’ai dédié mon livre. La pauvre enfant devait faire semblant d’être éprise de cet idiot de Robert Pattison dans « De l’eau pour les éléphants ». Je ne comprends pas les passions qu’il déchaîne.

«  Rintintin est un modèle et Lassie… une imposture   ! »

SantéVet : Aviez-vous des modèles parmi les autres chiens acteurs de cinéma (Lassie, Rintintin, etc. ?)

Uggie : Rintintin est un véritable modèle de courage et de vertu. Un héros de la Seconde Guerre mondiale ramené de Normandie après le débarquement. Lassie, en revanche, est une véritable imposture. Je m’en explique dans mes mémoires.

SantéVet : Quelques anecdotes et potins de tournage ? 

Uggie : Pour pouvoir obtenir plus facilement des choses de moi, Jean Dujardin avait toujours dans ses poches des petits morceaux de saucisses. A la fin de certaines grosses journées de travail, il avait l’impression d’être devenu une saucisse géante. Il m’arrivait souvent entre deux prises de piquer un petit roupillon. Il parait que je ronflais tellement fort qu’il fallait parfois me réveiller pour que le tournage puisse continuer, mais j’ai du mal à le croire !

« Je ne suis plus tout jeune ! » 

SantéVet : Votre maître et dresseur vous a fait castrer, pourquoi ? 

Uggie : Je ne souhaite pas répondre à cette question, car cela touche une partie trop intime de ma vie.

SantéVet : Cela a-t-il rapport avec votre « retraite » des plateaux de tournage, la presse ayant fait part de soucis de santé ? 

Uggie : J’ai effectivement eu quelques soucis de santé, mais aujourd’hui tout est rentré dans l’ordre. Mais vous savez, je ne suis plus tout jeune et j’ai une longue carrière derrière moi. Je fêterai mes 11 ans en février prochain. Je crois donc que j’ai bien mérité ma retraite. Bien entendu, ce n’est pas parce que je ne tourne plus que je ne fais plus rien pour autant. La preuve, après ma promotion française je pars en Angleterre.

SantéVet : Comment avez-vous trouvé le public français et notamment parisien lors de votre passage dans la capitale ? 

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 : J’ai reçu un excellent accueil de la part des Français qui se sont déplacés en nombre pour me voir lors de ma signature au Publicis Drugstore des Champs-Elysées. Il y avait même des personnes qui avaient fait le déplacement depuis la province. Tout le monde a été aux petits soins pour moi.

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SantéVet : Pourquoi avoir fait ce livre, le choix de l’auteure et qu’est-ce que le lecteur va y apprendre ? 

Uggie : J’ai décidé de raconter mes mémoires pour deux raisons : d’une part parce que je pensais que le public apprécierait de connaître les dessous d’Hollywood et de l’industrie du cinéma et, d’autre part, parce que je souhaitais sensibiliser les lecteurs sur les capacités et l’intelligence des Jack Russel en particulier et des chiens en général.

SantéVet : Quels sont vos projets ? 

Uggie : Je vais participer à une grande campagne en faveur de l’adoption et je fais partie d’une association qui visite les patients dans les hôpitaux.

Propos recueillis par Claude Pacheteau


Le saviez-vous ?

Le géniteur de Rintintin, le célèbre berger allemand dont Uggie parle notamment dans son livre, est enterré en France, au cimetière des animaux d’Asnières, en région parisienne. Le premier Rintintin a été découvert en France par Lee Duncan, caporal de l'armée américaine, durant la Première Guerre mondiale, en même temps qu’une autre femelle baptisée Nénette. 

Le « premier » Rintintin est mort en 1932, à l'âge de 15/16 ans (suivant les sources). Son propriétaire le fit rapatrier en France et enterrer dans ce cimetière considéré comme le premier créé au monde. D’autres chiens de race berger allemand ont ensuite pris le relai pour le remplacer au cinéma.

Pour sa part, Lassie (évoquée également par Uggie), comme d’ailleurs tous les chiens de race colley qui ont été utilisés pour interpréter ce personnage, étaient… des mâles !  

Mémoires d’Uggie : mais qui est l’auteure ? 

Un chien écrivain, ça n’existe pas, du moins seulement au cinéma ! L’auteure de Ma vie, mon œuvre (de Uggie The Artist) est Wendy Holden. Cette journaliste, célèbre pour avoir écrit le film The Full Monty et un roman à succès, L’École des maris, a donc dit –on officiellement recueilli les mémoires d’Uggie.

Outre les récits, les anecdotes, les témoignages, etc. le lecteur trouvera également dans ce livre de nombreuses photos d’Uggie au travail mais aussi en dehors des plateaux de tournage. 


Uggie, the Artist

Ma vie, mon œuvre 

Editions : JC Lattès

Collection : Livre illustré

Code EAN/ISBN : 9782709642682

Prix public : 15,00 €

Format : 130 mm x 205 mm

190 pages

Uggie et son maître sur Facebook

Retrouvez Uggie et son maître et dresseur notamment sur leurs pages facebook : Omar Von MullerUggie



SantéVet

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Photos : DR - Visuel du livre  : JC Lattès