Une étude italienne* présentée par Lorella Notari lors deuxième congrès annuel du congrès vétérinaire européen de médecine du comportement et du bien-être animal (EVCBMAW), qui s’est tenu du 26 au 28 septembre à Eindhoven (Pays-Bas), s’est penché sur le problème des morsures canines et a analysé les caractéristiques de 170 chiens dits « dangereux », au sens propre du terme.
Les mâles davantage représentés
Dans cette étude, les mâles sont davantage représentés tout comme certaines races, sans qu’une conclusion puisse se dégager, les morsures émanant de chiens comme le pitbull pouvant tout simplement être plus rapportées que les autres.
La communication et le décryptage des signaux canins apparaissent comme une mesure de prévention prioritaire pour prévenir les morsures intervenant dans la sphère privée, au domicile du propriétaire.
Pour rappel, l’Italie a adopté une législation sur les chiens dangereux (au sens législatif du terme) dont la dernière version date de 2009 avec l’établissement d’une liste définitive de races concernées.
Les données concernant les 170 chiens inclus dans l’étude ont été collectées après les visites vétérinaires obligatoires suivant l’épisode de morsure. Elles ont été comparées aux données de la population canine générale pour essayer de mettre en évidence des facteurs de risque des agressions.
Agression défensive ou offensive
Les 170 chiens mordeurs ont été vus en consultation par 11 vétérinaires comportementalistes.
Les données investiguées au cours de l’étude concernaient l’animal lui-même (comment le chien a été éduqué, exercice pratiqué…) et le type d’agression (défensive : pour interrompre des interactions physiques ou une approche, davantage motivée par la peur ou l’inconfort, ou offensive : agression proactive sur la victime).
Sur les 170 chiens inclus, 70% étaient des mâles et 11,8% étaient stérilisés. Il s’agissait principalement de chiens adultes.
Les races représentées étaient très diverses. Par ordre de fréquence figuraient les chiens de races croisées (23,5%), les pitbull (12,9%), les bergers allemands (11,8%), les american Staffordshire terrier (9,4%).
L’auteur de l’étude relie cette sur-représentation des pitbulls à leur mauvaise réputation et au fait que les morsures quand elles sont de leur fait sont plus systématiquement rapportées aux autorités publiques que lorsqu’elles sont dues à des chiens d’autres races.
Les chiens du deuxième groupe FCI (fédération cynologique internationale) étaient prépondérants (26,5%) devant ceux du premier (18,8%) puis du troisième groupe (11,8%).
Surtout des adultes
L’origine des chiens a été étudiée. La majorité avait été adoptée entre 2 et 3 mois et provenaient de propriétaires privés (48,8%). 33,5% des chiens avaient été achetés chez des éleveurs professionnels.
Les victimes d’agression étaient principalement d’autres chiens (40%) devant des personnes adultes étrangères au chien (20,6%), un adulte de la famille ou un ami (9,4%), un chat ou un autre animal (8,8%) puis le propriétaire (7,6%).
A l’inverse des conclusions de nombreuses autres études sur le sujet, les enfants, qu’ils soient de la famille ou pas, ne font pas partie des victimes les plus fréquentes relevées dans cette étude (4,1 % pour les enfants de la famille et 4,7 % pour un enfant qui en est étranger).
Les incidents se sont déroulés majoritairement dans un lieu public (52,44%) ou chez le propriétaire (41,2%).
La sévérité des morsures était variable. 20,6% d’entre elles ont entraîné la mort de la victime (systématiquement un chien dans ces cas létaux). Dans 33,5% des cas, la morsure a été jugée légère, dans 21,2% d’une sévérité modérée et dans 15,3% des cas, sévères.
L’étude des agressions a permis de relever plusieurs particularités. Ainsi, les agressions qui sont le fait de chiens castrés ont plus tendance à être de type offensif. C’est également le cas des agressions proférées par des pitbulls.
Les chiens de races croisées et les bâtards sont eux davantage responsables d’agressions défensives.
Les agressions, lorsqu’elles sont dirigées sur des humains, ont plus tendance à être de type défensif qu’offensif. C’est l’inverse lorsqu’elles sont dirigées vers d’autres chiens.
Les agressions offensives se déroulent plutôt dans des lieux publics tandis que les agressions défensives ont lieu plutôt dans des aires privées.
Pas de lien entre race et sévérité des morsures
La localisation des morsures lorsqu’elles concernent les humains varient selon qu’il s’agit d’enfants, plus volontiers mordus au visage, à la tête et au cou, ou d’adultes, mordus surtout au niveau des bras et des jambes.
Les morsures tendent à être plus sévères quand elles concernent des enfants de la famille par rapport à des enfants étrangers.
L’étude n’a pas mis en évidence d’association entre la sévérité des morsures et la race du chien agresseur.
Ce travail fait l’objet de nombreuses limites, à commencer par la taille de l’échantillon. Il donne cependant des ébauches de pistes concernant la prévention des morsures.
Ainsi, le fait que les morsures « privées » soient davantage de type défensif suggère une mauvaise lecture des chiens par leurs maîtres qui peuvent mal interpréter certains signaux de menace ou le langage corporel de leur animal. Sensibiliser les propriétaires à cette communication animale permettrait de prévenir les accidents.
*Dangerous dogs in italy : a retrospective study of 170 cases, Notari L., Cannas S., Di Sotto Y.A. and Palestrini C.
Remerciements à Maud Lafon, vétérinaire