Pour la troisième fois, la Cour des comptes critique la gestion de la SPA (Société Protectrice des animaux), la taxant d’amateurisme dans son dernier rapport.
« Depuis plus de huit ans, nous critiquons la gestion de la SPA », a expliqué le 21 septembre devant la presse Philippe Seguin, premier président de la Cour des comptes. « Nous ne constatons toujours pas d’amélioration », déplore t-il.
Contrairement à d'autres qui l’ont fait comme l'Association pour la recherche sur le cancer (Arc), épinglée quant à elle en 1993, « la SPA n'a pas su redresser la barre », a encore déploré Philippe Seguin.
En collectant des fonds auprès du public, la SPA se doit de rendre des comptes aux donateurs. Mais ces derniers ont de quoi choquer : un rapport de 43 pages accablant dénonce la gestion de l’association.
Les frais de traitement des dons ont pratiquement doublé par rapport à 2003 pour s’établir à 43 % des sommes collectées. Des dépenses lourdes de personnel sont aussi montrées du doigt.
La Cour s’interroge également sur la vente des biens immobiliers légués par des donateurs : « De nombreuses ventes sont intervenues au bénéfice d'un même acquéreur dans des conditions qui font suspecter un comportement préférentiel. »
La présence au conseil d’administration d’une ancienne présidente condamnée par la justice pour abus de confiance est également mis en avant. Elle avait embauché une salariée, « officiellement pour s’occuper des animaux dans un dispensaire », alors qu’elle était femme de ménage chez elle.
C’est un climat délétère qui plane à la SPA. En cinq ans, trois directeurs généraux ont été nommés avant que leur mandat soit « brutalement interrompu ». Toujours selon la Cour des comptes, la SPA embaucherait des cadres dans des conditions de recrutement très anormales, sans aucune formation ou expérience.
Et le bien-être des animaux dans tout ça ?
Qu’en est-il réellement de la protection animale au vu de ce rapport ? Déjà en 2002, la Cour des comptes s’était dit indignée des « conditions d’hébergement des animaux mauvaises, voire indignes ».
Les réserves financières se sont élevées à 79 millions d’euros en 2007, et les placements financiers à 66,9 millions d’euros ont révélé les enquêteurs. Une thésaurisation que le rapport qualifie de « particulièrement anormale tant au regard de la volonté des donateurs que de la vétusté de nombreux refuges de la SPA et plus généralement des besoins de la cause animale ».
Pour sa défense, Virginie Pocq Saint-Jean, présidente de la SPA, a revendiqué « l'indispensable utilité publique » reconnue à l’association depuis sa création en 1845.
« La SPA s'est engagée dans un processus de réformes important qui devrait lui permettre d'optimiser les moyens dont elle dispose pour accomplir sa mission dans l'intérêt de la protection animale », a-t-elle ajouté. La SPA « a traversé des décennies et elle vivra tant que la souffrance animale subsistera ». Une défense que d’aucuns jugent peu convaincante.
Il y a SPA et SPA !
Pour éviter toute confusion, la CNSPA (Confédération nationale des SPA) de France rappelle « qu'il existe en France plusieurs centaines d'associations de protection des animaux. Elles sont toutes indépendantes et autonomes.
Il n'y a pas, comme on le croit souvent, une seule SPA avec son siège à Paris et des filiales en Province ».
Ainsi, le rapport de la Cour des comptes concerne la gestion financière de la SPA de Paris et de ses filiales et non les nombreuses associations de protection des animaux présentes en France.
« La Confédération nationale des SPA de France, dont le siège est à Lyon, regroupe 250 SPA réparties dans 87 départements français. Fondée en 1926, elle est reconnue d'utilité publique depuis le 1er octobre 1990. Par son intermédiaire, les associations adhérentes peuvent recevoir des legs exonérés de tout droit de succession. »
Pour en savoir plus : https://www.la-spa.fr/
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