Laetitia Barlerin a pris la relève de Michel Klein. Dr vétérinaire de référence pour de nombreux médias (RMC, Gulli, Télé 7 Jours…), elle s’est attaquée à un nouveau registre avec la sortie de son livre destiné aux enfants aussi bien qu’aux adultes : Histoires incroyables d’animaux pas comme les autres. Une quarantaine de récits époustouflants sur des animaux sauvages mais aussi domestiques, étayés d’anecdotes et d’analyses. Santévet, spécialiste de l'assurance santé chien, chat et NAC l'a rencontrée.
SantéVet : Après avoir abordé des sujets pratiques, vous vous êtes attaqué à une nouvelle forme d’écriture avec ces récits d’animaux aux aptitudes incroyables. Une « récréation » pour vous ?
Laetitia Barlerin : Absolument. Ecrire ce livre a été un vrai bonheur. Je traite plus souvent des animaux de compagnie que des animaux sauvages. Ces derniers me passionnent tout autant et j’ai pris énormément de plaisir à l’écriture de ce livre. Je me suis plongée dans des tas de docs, j’ai interviewé des spécialistes. J’ai découvert un monde incroyable, fabuleux, des choses que je ne savais pas ! Je souhaite que les lecteurs soient aussi surpris que je l’ai été.
SantéVet : Ce qui fait l’intérêt de cet ouvrage est justement qu’au-delà des « simples » récits, vous analysez les faits, vous fournissez des anecdotes.
Laetitia Barlerin : Je ne voulais pas faire quelque chose à la Pierre Bellemare. Allez plus loin que le récit m’a permis de mettre en avant l’analyse scientifique qui est très intéressante. Elle reste bien entendu accessible à tout public.
SantéVet : Cela a dû vous demander un important travail de recherche ?
Laetitia Barlerin : Depuis que je travaille pour RMC, je compile des histoires en tout genre. Pour la télé, sur la chaîne Gulli, j’ai également fait la même chose. Pour ce livre, je n’ai gardé que les plus récentes afin de pouvoir les vérifier, faire les recherches nécessaires.
SantéVet : Justement, n’a-t-on pas souvent tendance à romancer les faits jusqu’à faire des animaux des êtres supranaturels aux pouvoirs inexpliqués ?
Laetitia Barlerin : Pour ce livre, une fois les récits choisis, je me suis glissée dans la peau des animaux afin de comprendre telle ou telle attitude. Cet exercice était insolite pour moi, mais il m’a notamment permis de comprendre, avec l’appui de spécialistes, les mécanismes qui permettent aux animaux de pouvoir faire des choses aussi surprenantes que celles racontées dans ce livre. Entourer d’un aura de mystère les animaux, pourquoi pas, mais attention de ne pas tomber dans le travers : donner aux animaux des dons qu’ils n’ont pas. Chez le chat et le chien, nous le remarquons quotidiennement, cela conduit à des problèmes de communication avec les maîtres, des troubles du comportement.
SantéVet : Vous êtes vétérinaire et comportementaliste. Selon vous, les propriétaires de chiens et de chats en font-ils trop souvent trop avec leurs compagnons ?
Laetitia Barlerin : Cela arrive, je le vois en consultation. L’animal de compagnie doit absolument rester à sa place. Il ne faut pas l’humaniser, lui prêter des sentiments humains. Si on ne l’analyse pas bien, on ne le comprend pas bien et c’est là que les problèmes surviennent. La place de l’animal a évolué au sein des familles. Désormais, il est mieux nourri, mieux médicalisé, mais on oublie parfois qui il est. Etudier, comme je l’ai fait dans mon livre, pourquoi tel animal a un comportement étonnant, sans chercher à lui prêter un don, permet de comprendre beaucoup de choses.
SantéVet : Ces problèmes de comportement que vous évoquez sont malheureusement de plus en plus nombreux. Au point de devoir faire passer une évaluation comportementale à certains chiens et obtenir un permis de détention. Qu’en pensez-vous ?
Laetitia Barlerin : C’est une énorme bêtise ! Une fois de plus, on stigmatise certaines races. C’est une forme de racisme. Que l’on pratique une évaluation comportementale sur un chien qui a mordu, quelle que soit sa race, je suis d’accord. Mais comment voulez-vous qu’un vétérinaire qui voit dans son cabinet un chien va pouvoir décréter à cet instant T qu’il y a risque ou pas du tout ? Pour ce qui est du permis, il vaudrait mieux faire de la prévention que de la répression. Mais obtenir un papier après une formation pour un chien que l’on a déjà n’a pas grand sens. Peut-être faudrait-il s’inspirer du modèle suisse qui propose l’obtention d’un permis aux futurs maîtres. Avec une formation adéquate, solide, cela pourrait être instructif pour les futurs acquéreurs. La législation évoluera peut-être. En tout cas, j’ai l’impression pour le moment que tout a été précipité.
« Je gère ma vie comme une clinique vétérinaire ! »
SantéVet : Pour en revenir à vous, finalement, vous êtes devenue la nouvelle vétérinaire de référence, comme l’était le Dr Michel Klein à une époque ?
Laetitia Barlerin : Vous me flattée vraiment en me disant cela ! Le Dr Klein est une référence pour moi. Je voulais devenir vétérinaire, mais je ne me voyais pas toute l’année dans une clinique. J’adorais transmettre des choses. J’ai donné des cours à l’école de Maisons-Alfort, suis devenue rédactrice en chef de L’Action Vétérinaire puis les choses se sont enchaînées. En revanche, je pratique toujours, cela est très important pour moi. Si on perd pied, on est décalé. J’aime le rapport à la clientèle, la médecine. Il faut être dedans pour bien en parler ensuite, se tenir aux courants des nouveautés, des évolutions, des préoccupations des maîtres.
SantéVet : Parler, c’est l’un de vos métiers. Quelle différence avec la télé ou l’écriture ?
Laetitia Barlerin : Quand je parle on ne peut plus m’arrêter [rires]. Je suis vraiment passionnée par les animaux. Je pense que si j’avais été passionnée de mécanique, j’en aurais parlé de la même façon ! A la radio, toutes les émotions passent par la voix. Bonheur, tristesse, fatigue… tout s’entend. On ne peut pas mentir ou tricher. On se met à nu. La télé, c’est différent, plus facile à mon avis, car on est moins dans la voix, on peut créer un personnage. L’écriture, c’est encore autre chose. J’aime maîtriser correctement mes sujets avant de me lancer dans l’écriture. Il y a les journées page blanche puis les journées où tout arrive !
SantéVet : Où trouvez-vous le temps de tout faire ? Vous avez d’autres projets ?
Laetitia Barlerin : C’est une question d’organisation. Je gère ma vie comme on gère une clinique vétérinaire. Le planning doit être sans faille et il faut gérer les urgences surtout lorsque… tout est urgent ! Travailler de 7h00 à minuit ne me fait pas peur. Côté projets : d’autres livres en préparation puis la télé, mais je ne peux pas encore en parler.
Propos recueillis par Claude Pacheteau
Singes, éléphants, dauphins, kangourous… ce livre renferme d’étonnantes histoires concernant de nombreux animaux sauvages. Mais on y trouve également les récits de chiens et de chats surprenants : un beagle qui sauve son maître diabétique en « téléphonant », Rico qui connaît 200 mots, une chatte qui parcoure 800 km pour retrouver ses maîtres…
Histoires incroyables d’animaux pas comme les autres, par le Dr Laetitia Barlerin, éditions Albin Michel, 304 pages, 15,5 x 24 cm, 17,90 €.
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