Depuis la fin du confinement, les associations de protection animale crient à l'aide, chiffres à l'appui, pour qu'un fonds d'urgence les tire de leur agonie.
Malgré une large médiatisation et la création d'un rapport étayé remis au ministère de l'Agriculture, l'octroi d'un fonds d'urgence tant espéré a été refusé à l'Assemblée nationale, le 2 juillet. Une décision qui suscite l'incompréhension et le désespoir, notamment pour les structures qui espéraient une aide financière pour ne pas fermer définitivement.
85 personnalités s’engagent
Alors que les raisons énoncées lors du vote à l'Assemblée paraissent faussées, l'ONG Ethics For Animals demande que soit réexaminée la demande d'un fonds d'urgence en faveur des associations de protection animale et des refuges français.
Une requête parue aujourd'hui sur Mediapart, sous la forme d'une lettre ouverte signée par 85 personnalités dont Kev Adams, Nathalie Baye, Baptiste Lecaplain, Noémie Lenoir, Tryo, Alison Wheeler ou encore Sophie Marceau, Marie-Paule Belle, Marisa Berenson, Cecile Bois, Arielle Dombasle, Lola Dewaere , Miou Miou, Michel Sardou, Dany Saval…
« Notre demande est juste et nous ne pouvons accepter les raisons qui nous ont été données pour justifier le refus d'une aide », explique Christophe Arvis, Président d'Ethics For Animals. « Si rien n'est fait pour aider les associations de protection animale, beaucoup fermeront leurs portes et des milliers d'animaux seront livrés à leur sort. Aujourd'hui, plus de 94 000 personnes ont déjà signé notre pétition en ligne, 85 personnalités nous prêtent leur voix dans une lettre ouverte pour faire entendre notre cause. Elles viennent rejoindre les rangs des personnalités et des parlementaires qui avaient déjà pris la parole pour soutenir les refuges. Nous sommes mobilisés et il est temps de nous entendre. »
Quelles raisons du refus d'un fonds d'urgence pour la protection animale ?
Pour Gérald Darmanin, ministre de l'Action et des Comptes publics au moment du vote, la protection animale aurait déjà bénéficié d'une aide de 19 millions d'euros pour survivre à la crise. Un argument qui avait déjà été utilisé par le cabinet du ministre de l'Agriculture pour justifier son refus d'une aide financière aux associations.
19 millions ? Une somme dont les refuges n'ont pourtant jamais vu la couleur et pour cause : cette enveloppe ne leur est pas destinée.
Contactée par la co-représentante du Collectif Chats Stérilisation 100 % Obligatoire, la DDPP (Direction départementale de la protection des populations, en charge des services vétérinaires) a expliqué que ces 19 millions d'euros avaient été affectés aux cirques avec animaux ainsi qu'aux zoos et autres parcs animaliers.
Également sollicité sur la question, le ministère de l'Écologie confirme que la mesure n'a jamais été en faveur des associations et refuges pour animaux domestiques.
Mensonge éhonté ou méconnaissance du dossier, se questionnent pour les initiateurs de la lettre ouverte. Pour eux, difficile de penser que Gérald Darmanin n'ait pas eu connaissance du contenu et des bénéficiaires du fameux décret mentionnant ces 19 millions d'euros, vu qu'il en était cosignataire au même titre que Didier Guillaume, ancien ministre de l'Agriculture. Difficile aussi de croire que ces deux ministres aient pu faire la confusion entre cirque avec animaux, zoo et association de protection animale.
Après communication de la liste des Secrétariats d'État, la déception est grande de constater que le Secrétariat d'État à La Condition Animale figure parmi les grands absents. « Tout le secteur de la Protection Animale avait espéré que le Gouvernement prenne en considération la préoccupation grandissante des Français pour la cause animale », déclare Nicolas Castaing, responsable communication d'Ethics For Animals. « Ce Secrétariat d'État, attendu depuis des années, aurait été un signe fort, une reconnaissance de cette attente de nos très nombreux concitoyens. Nous espérons cependant que l'exécutif entendra nos demandes, car Secrétariat d'État ou pas, il y a une véritable urgence à soutenir ce secteur », poursuit-il.
Ethics For Animals met au rang des priorités son combat, plus que jamais d'actualité, pour obtenir un fonds d'urgence en faveur des refuges indépendants et des associations de protection animale.
« Avec la crise que nous venons de traverser, nous espérons que le ministre de l'Agriculture , Julien Denormandie, annoncera dans les prochains jours le déblocage d'un fonds d'urgence en faveur des refuges indépendants et des associations de protection animale qui ont perdu 32% de leurs ressources entre 2019 et 2020 et dont le déficit a fait un bond de 58% sur la même période du 1er janvier au 31 mai. Il en va de la survie de 720 refuges indépendants et 3218 associations de protection animale dont la mission d'intérêt général est essentielle », conclut Nicolas Castaing.
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