Après un dalmatien entendu comme témoin d’un meurtre, c’est au tour d’un labrador de passer à la barre ! Une « expérience » qui s’est conclue par un échec et qui de l’avis des avocats de la défense et des vétérinaires comportementaliste frise… le ridicule !
Le cas de Théo, un dalmatien était une première en France dans le monde de la justice. Ce chien de race dalmatien avait été entendu à témoigner dans une affaire d’homicide ! Ce qui n’avait pas manqué d’agacer sérieusement l’avocat de la défense, Maître Eric Dupond-Moretti.
C’est désormais Tango, un labrador de 9 ans qui aurait été témoin d’un meurtre, qui a été appelé à comparaître dans une autre affaire de meurtre ! Celui d’un jeune homme de 27 ans à Tours en 2002, et que relate le site rtl.fr.
Le chien en proie à des cauchemars
Le juge d’instruction en charge de l’affaire a estimé que le chien, présent au moment du crime, pouvait donc témoigner. Pour cela, il s'appuie sur les certitudes des parents de la victime, ces derniers argumentant que depuis les faits le chien fait des cauchemars.
Un expert a donc été mandaté, comme dans le cas de Théo. Le labrador a été confronté au suspect en présence d’un autre second labrador du même âge. Doté d’une batte de base-ball, le but était d’observer les réactions du chien.
« Selon que Tango lèverait la patte droite, remuerait la babine gauche ou remuerait la queue, il reconnaîtrait ou non mon client », ironise Me Grégoire Lafarge, avocat du suspect.
Le chien témoin maltraité
L’expérience n’a pas porté ses fruits et s’est conclue par un échec total. Selon l’avocat de la défense, le chien Tango aurait d’ailleurs été maltraité par le juge et s’en est plaint au procureur.
« Qu’un chien puisse faire des cauchemars ou même une dépression après le décès de son maître, c’est possible », atteste pour sa part le Dr Jacques Cordel, vétérinaire comportementaliste, joint au téléphone par les journalistes du site rue89. Néanmoins, les signes de dépression ne doivent pas être confondus avec un état apathique qui lui, pourrait être un symptôme d'une maladie ou d'une intoxication alimentaire.
Selon lui, un chien souffrant d’un tel trouble du comportement peut être soigné à l’aide d’un traitement ou par une thérapie comportementale afin notamment de « le déconditionner ».
Mais de là à se servir du témoignage d’un chien pour jugé un présumé coupable, le vétérinaire n’est pas d’accord : « Ce n’est pas parce que le chien présente des troubles psychiques qu’il va pouvoir désigner un meurtrier. »
Le vétérinaire avait d’ailleurs déjà réagi suite à ‘’l’affaire’’ du dalmatien Théo : « Cette expertise joue avec les croyances populaires, mais il n’y a aucun fondement scientifique à l’appui. Pourtant l’éthologie [l’étude du comportement des espèces animales] est une vraie science, pas une plaisanterie », expliquait-il dans les colonnes du site leplus.nouvelobs.com.
Une réappropriation dangereuse pour le vétérinaires comportementalistes et pour le système judiciaire
« Ce genre de réappropriation peut s’avérer dangereux pour nous, comportementalistes, et pour le système judiciaire. Il ne faut pas que cela se généralise. Il ne faut pas surinterpréter le comportement d’un chien. Il est nécessaire de signaler que l’expert sollicité dans cette affaire n’est pas un vétérinaire comportementaliste. Personnellement, si j’avais été consulté par le juge, j’aurais refusé de pratiquer une telle expertise. »
« On est chez les fous », martelait encore pour sa part Me Dupond-Moretti. « Ça manque de bases scientifiques », reconnaissait lui aussi l'avocat général.
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