Le 27 octobre dernier, la Mairie de Marseille accueillait une conférence organisée par l’Ordre Nationale des Vétérinaires sur le thème « Le chien citadin citoyen : l’importance du rôle conseil des vétérinaires auprès des collectivités locales ».
Dans son n° 24 de son bulletin (Presse Contacts), une partie des thèmes abordés lors de cette conférence sont repris. Notamment celui sur les chiens mordeurs et les idées reçues sur leur compte.
Un sujet d’actualité puisque la loi va imposer une évaluation comportementale non seulement aux chiens appartenant à la première et deuxième catégorie telles que définies par la loi de janvier 99 sur les chiens dits dangereux, mais aussi pour tout chien, quelle que soit la race, et qui aura mordu.
Le Dr Claude Beata, vétérinaire comportementaliste, membre du Collège européen des vétérinaires comportementalistes et président de Zoopsy a fait le point sur les problèmes des morsures en France dont voici quelques extraits parus dans Presse Contacts :
« Depuis 30 ans, le nombre de morsures canines mortelles n’a pas évolué : 0 à 3 décès par an environ.
Mais, les rares cas qui se sont produits, notamment chez l’enfant, ont été surmédiatisés, créant une véritable psychose. Or, aucune statistique ne justifie un tel vent de panique même si ces morts tragiques sont toujours bien sûr regrettables.
Un défi de santé publique
En revanche, les morsures intervenant à 80 % en milieu privé, représentent un ‘’sacré’’ défi de santé publique à relever.
Il n’existe pas de statistiques précises à ce sujet - car elles ne sont que très rarement déclarées -, mais les interventions chirurgicales ont permis d’identifier le phénomène : environ 4 000 morsures par an sur enfants nécessitant chirurgie !
La problématique n’est pas simple. La surmédiatisation des morsures mortelles a entraîné une véritable défiance vis-à-vis de certaines races de chiens, incitant les pouvoirs publics à légiférer sur le sujet. (…)
Des chiens dits dangereux ont été mis dans des cases sans qu’aucune étude scientifique ne démontre le lien entre race et comportement. (…) La dangerosité d’un chien n’est en aucun cas à corréler à la race à laquelle il appartient mais à sa lignée, sa sociabilisation, son éducation, ses relations dans le foyer…
Pis, cette loi engendre des effets pervers contraires à sa volonté de lutter contre les chiens dangereux. Elle sous-entend que les races non classées comme dangereuses ne mordent jamais et fait relativiser tout signe d’agressivité dès lors qu’il émane d’un chien non catégorisé.
A savoir : dans le cas de morsures graves chez l’enfant, 28% des chiens ont mordu auparavant. Des antécédents que les propriétaires n’ont pas jugés graves car leur Golden retriever ou leur Labrador ont la réputation d’être des chiens si dociles !
Contrairement aux idées reçues, les chiens qui mordent le plus ne sont pas ceux que l’on croit ! Le labradors et le berger allemand sont les chiens les plus mordeurs, non pas parce qu’ils sont plus dangereux mais parce qu’ils sont tout simplement les plus nombreux parmi les 7,8 millions de compagnons dans l’Hexagone.
Ces troubles du comportement peuvent être d’origine très diverse. Face à un problème multi-factoriel, il faut accepter qu’il n’y ait pas de solutions globales mais des solutions raisonnées et individuelles.
Le vétérinaire, et a fortiori le vétérinaire comportementaliste, ont bien évidemment un grand rôle à jouer. »
Chiens dits dangereux : 2 000 vétérinaires évaluateurs
A peine la loi promulguée, la profession vétérinaire s’est attachée à mettre tout un dispositif en place pour former des vétérinaires à l’évaluation comportementale.
Au total, 54 formations auront été réalisées entre avril 2008 à fin 2009.
Sous l’égide du Syndicat National des Vétérinaires d’Exercice Libéral (SNVEL), elles ont été organisées par l’Association Française des Vétérinaires pour Animaux de Compagnie (AFVAC) ou les Ecoles Vétérinaires, pilotées techniquement par Zoopsy (Association des vétérinaires comportementalistes) en collaboration avec le GECAF (Groupe d’Etude du Comportement des Animaux Familiers), l’AFVE (vétérinaires experts) et les quatre Ecoles Nationales Vétérinaires.
Source : Presse Contacts n° 24 – Spécial Provence – Alpes – Côte d’Azur – Corse – octobre 2009.
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