Qu’est-ce que le diabète sucré chez le chien ?
Le diabète sucré du chien une affection liée à une hyperglycémie chronique, c’est-à-dire excès de glucose ou sucre dans le sang.
Cette hyperglycémie est due à une inefficacité ou à un défaut de production de l’insuline par le pancréas, qui est la seule hormone capable de diminuer la glycémie.
Il existe plusieurs formes de diabète chez le chien :
- Le diabète de type I ou juvénile : très rare, il est secondaire à un défaut de sécrétion de l’insuline par le pancréas qui touche les jeunes chiens.
- Le diabète de type II ou « gras » : l’insuline est sécrétée normalement ou en excès, mais est inefficace sur les cellules des différents organes.
- Le diabète de type III ou « maigre» : le taux d’insuline dans le sang est bas. Le plus souvent, c’est la suite de l’évolution d’un diabète de stade II qui finit par épuiser les cellules responsables pancréatiques. Il peut aussi être la conséquence de pathologies du pancréas (pancréatite).
Les chiens les plus à risque sont les femelles non stérilisées, en surpoids, âgées.
En effet, les femelles ont 2 à 3 fois plus de chance d’être touchées que les mâles. Il est recommandé de les stériliser, car les variations hormonales lors des chaleurs peuvent favoriser la maladie.
L’obésité et le manque d’exercice physique sont également des gros facteurs de risque : le pancréas est contraint de travailler davantage afin de réguler l’apport alimentaire trop riche par une surproduction d’insuline. L’organe se fatigue peu à peu et l’organisme du chien s’habitue à la forte dose d’insuline qui ne suffit plus à réguler son métabolisme ; il devient donc diabétique.
L’affection se déclenche généralement entre 6 et 10 ans d’âge.
Certains médicaments utilisés sur de longues durées, comme les corticoïdes ou les hormones, peuvent favoriser le diabète sucré.
Certaines races sont prédisposées :
Le Beagle,
le Cairn terrier,
le Caniche,
le Pinscher nain,
le Teckel,
le Terrier Australien...
Quels sont les symptômes évocateurs et les complications possibles ?
La maladie se développe en plusieurs étapes. D’abord, le chien va se trouver en état pré-diabétique. Le taux de sucre sanguin est élevé modérément. Cet état est difficile à détecter car les symptômes sont assez discrets.
Ensuite, lorsque la maladie se déclenche, le sucre sanguin est très élevée, à tel point que le glucose va passer dans les urines, ce qui va être à l’origine de signes cliniques assez évocateurs.
On a une augmentation de la soif et de l’envie d’uriner, appelée polyuro-polydipsie. Le chien urine très fréquemment afin d’éliminer le glucose, ce phénomène est parfois perçu comme de la malpropreté et passe inaperçu. Il a besoin de boire beaucoup d’eau pour compenser la déshydratation.
Les urines sont « collantes » et sentent fort à cause du sucre présent à l’intérieur, ce qui peut être à l’origine d’infections urinaires secondaires.
Il a tendance à maigrir malgré un appétit très augmenté, car ses cellules n’arrivent pas à absorber correctement le glucose présent dans le sang.
Il va également se fatiguer vite au moindre effort. Une cataracte peut apparaître au niveau des yeux, c’est-à-dire une opacification du cristallin qui devient blanchâtre.
Parfois, s’il n’est pas pris en charge, le diabète peut se « compliquer » lorsque des déchets métaboliques tels que des corps cétoniques s’accumulent dans le sang, et vont le rendre trop acide, à l’origine de troubles graves tels qu’une perte d’appétit de la faiblesse, une respiration lente, des vomissements, une déshydratation voire un coma ou un décès. C’est ce qu’on appelle l’acidose métabolique.
Comment diagnostiquer l’affection ?
Si votre compagnon présente des signes cliniques évocateurs du diabète, consultez votre vétérinaire rapidement. Il réalisera un examen complet et vous posera plusieurs questions.
Des analyses sanguines et urinaires seront nécessaires pour vérifier la glycémie et l’éventuelle présence de sucre dans les urines.
D’autres examens pourront être réalisés pour chercher une éventuelle pathologie associée : pancréatite, infection urinaire...
Quelle prise en charge thérapeutique ?
L’état de l’animal au moment du diagnostic déterminera s’il pourra être traité à la maison ou s’il devra être hospitalisé d’abord.
Si le chien présente des symptômes graves évoquant un diabète « compliqué » ou acidose métabolique, il sera nécessaire de l’hospitaliser pour stabiliser son état. Avant qu’il puisse retourner à la maison, il faudra s’assurer que son appétit est normal, qu’il ne vomisse plus, qu’il est bien hydraté et qu’il n’a plus de corps cétoniques dans le sang.
Contrairement au diabète sucré du chat, le diabète sucré ne se guérit pas chez le chien. Il restera malade toute sa vie.
L’objectif du traitement consiste à contrôler les symptômes, rétablir une bonne qualité de vie et de prévenir l’apparition de complications telle que l’acido-cétose.
Une fois le diagnostic posé, le traitement repose sur des injections d’insuline, qui permettent de faire baisser la glycémie. Elles seront réalisées deux fois par jour, à heure fixe, selon les indications de votre vétérinaire.
C’est une thérapie assez contraignante, car l’oubli d’un jour peut avoir de fortes répercussions. Il faut donc pouvoir s’organiser correctement pour la bonne réalisation des soins.
L’administration se font par voie sous-cutanée avec des aiguilles très fines. La dose à administrer vous sera indiquée par votre vétérinaire, et sera à adapter en fonction de la réponse de l’animal. Il vous montrera comment procéder de manière correcte.
Si jamais vous n’êtes pas sûrs d’avoir correctement réalisé l’injection, ne la refaites pas : 2 piqûres d’affilée peuvent conduire à une hypoglycémie très grave.
La réponse au traitement insulinique est généralement satisfaisante, mais nécessite souvent des ajustements de dose.
C’est pourquoi des visites de contrôle régulières seront à réaliser : soit en clinique où le chien est hospitalisé sur une journée afin d’effectuer plusieurs mesures et obtenir une courbe de glycémie, soit à la maison en utilisant un capteur placé sur la peau de votre animal et qui permet de mesurer son taux de sucre à n’importe quel moment. C’est un investissement vraiment intéressant qui permet de réaliser des mesures à domicile, sans stress pour avoir des résultats plus fiables.
Le traitement insulinique ne suffit pas à améliorer le confort de votre animal. Il sera également nécessaired’adapter son alimentation en favorisant l’apport en protéines et en fibres et en limitant l’apport en sucres ou glucides. Si votre chien est un surpoids ou obèse, vous devrez l’aider à retrouver un poids normal en réduisant le volume de ses rations.
S’il est au contraire trop maigre, une nourriture adaptée l’aidera à retrouver son poids de forme.
Les friandises et les restes de repas seront fortement déconseillés. Par ailleurs, vous devrez lui permettre d’avoir une activité physique régulière. Des aliments industriels spéciaux, sous format de croquettes ou de sachets humides et pâtée, existent sur le marché et pourront vous être recommandés par votre vétérinaire. Il est très important que votre chien mange correctement tous les jours, surtout après l’administration d’insuline.
En conclusion, il faut bien faire les injections quotidiennes d’insuline prescrites et ceci à heures fixes, avec un repas ensuite. La gestion d’un animal diabétique est contraignante, mais bien suivre le traitement et surveiller son alimentation est indispensable à sa santé et sa survie.
La stérilisation chirurgicale est fortement recommandée chez les femelles non stérilisées, elle permet souvent un contrôle plus facile du diabète.
Peut-on prévenir l’apparition de la maladie ?
La prévention du diabète passe par une bonne alimentation, de l’exercice régulier, une stérilisation chirurgicale précoce, et le maintien d’un poids normal.
Quel pronostic à long terme ?
Le diabète ne se guérit pas chez le chien. Mais lorsqu’il est bien contrôlé avec une thérapie d’insuline et des mesures diététiques adaptées, le pronostic est bon à long terme !
Il arrive parfois qu’un chien présente du diabète ainsi qu’une autre maladie concomitante, dans ce cas-là, le pronostic est plus réservé.
Suivi et surveillance
Le suivi d’un chien diabétique est essentiel et doit être régulier. Plusieurs visites vétérinaires mensuelles sont à prévoir pendant les deux premiers mois le temps de trouver le dosage d’insuline adéquat, puis au moins deux fois par an par la suite.
À la maison, vous devez surveiller l’apparition de certains symptômes tels que de la fatigue, des tremblements, de la désorientation, des convulsions… ils peuvent être le signe d’une grave crise d’hypoglycémie.
Si cela arrive, informez votre vétérinaire et proposez immédiatement à manger à votre chien ou appliquez du miel ou du sucre sur ses babines. Si la crise ne passe pas, consultez en urgence un vétérinaire.
Le diabète sucré du chien est donc une maladie endocrinienne touchant surtout les chiennes âgées de plus de 6 ans. Le diabète du chien ne se guérit pas, mais avec une prise en charge rigoureuse, les signes sont contrôlés et le chien peut avoir une bonne qualité de vie.
Sources :
- « Guide thérapeutique et clinique vétérinaire : animaux de compagnie 5ème édition », les Éditions du Point Vétérinaire, 2017.
- Thèse Thèse L.LECOT, CAUSES ET CONSÉQUENCES DU DIABÈTE SUCRÉ NON CONTRÔLÉ CHEZ LE CHIEN, 2020.
- Le diabète sucré du chien, Laurence Colliard, Jérôme Leroy, Brigitte Siliart, Le Point Vétérinaire n° 278 du 01/09/2007.
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Photos : 123RF