COVID-19 : acquérir un chien ou un chat est-il possible ?

En période de pandémie de coronavirus Covid-19, adopter ou bien acheter, voire acquérir de manière gratuite un chien ou un chat est-il possible ? Dans quelles conditions, puisqu’il n’est pas autorisé de se déplacer en dehors de certains cas se pose alors le problème de le récupérer compte tenu des mesures de confinement. Qu’en sera-t-il de la bonne socialisation du chien, de la vaccination de ce dernier et de celle du chat ? Et finalement si la question à se poser était : est-ce bien raisonnable et ne vaut-il pas mieux attendre ? A moins de l’avoir déjà réservé avant que ne soit mis en place l’obligation de confinement. Ou bien annuler la réservation, comme cela est actuellement observé par les éleveurs professionnels et la stagnation des adoptions par les refuges.

La question de l’adoption, de l’achat ou encore de l’acquisition à titre gratuit d’un chien ou d’un chat poseplusieurs questions et soulève plusieurs réflexions.

Un chat d’appartement est davantage envisageable

Prenons en premier lieu le cas d’un chat d’appartement. C’est certainement ce qui est le plus « facile » et pose le moins de difficultés, ne serait-ce que pour le bien-être de l’animal qui dans ce cas-là est destiné à vivre à l’intérieur. 

Le confinement va à l’encontre d’une bonne socialisation du chien

Un chien est plus « problématique ». Il a besoin pour une bonne socialisation, d’être petit à petit habitué au monde extérieur, à être confronté à de nouvelles ambiances, de nouveaux bruits, à rencontrer d’autres animaux domestiques, d’autres personnes que ses maîtres.

Suivant la race et ou le type auquel il appartient, il peut avoir plus ou moins besoin d’exercice, de se dépenser. Comment cela peut-il être dès lors compatible avec les règles imposées de confinement et qui limitent les sorties des chiens ? Et quand est-il de la primovaccination, des rappels ? (voir en fin d’article).

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Adoption contre achat d’un chien 

Pour ce qui est le cas d’un chien adopté, cela peut-être un peu différent compte tenu qu’il ne s’agit pas souvent d’un chiot et que c’est un chien qui a déjà connu l’extérieur. Mais parfois pas toujours dans d’excellentes conditions non plus , ce qui demande tout de même une « réadaptation » en douceur et progressive.

S’il ne s’agit pas d’un chien qui a été déjà été retenu auprès d’un éleveur ou d’un particulier cédant une portée, mieux vaut repousser ce projet, tant pour l’animal que pour le maître.

Parfois, pour un foyer avec enfants, la vie au quotidien est également déjà bien « bouleversée » et occupée sans avoir à faire face aux besoins tout naturels et aux attentions que nécessitent un chien ou un chat quotidiennement. Les chiens et chats sont des anti-stress, certes cela est prouvé, mais il faut aussi penser à eux.

On peut comprendre que les refuges qui proposent des chiens et des chats à l’adoption craignent une augmentation des abandons ; la peur d’une contamination par le coronavirus de l’animal à l’homme et inversement et qui n’est absolument pas scientifiquement prouvée et peut conduire à des réactions insensées.

Depuis le coronavirus, les refuges sont tous fermés au public en date du 16 mars. La crainte de la saturation se profile. « A ce rythme, cela pourrait être le cas d’ici à une dizaine de jours », estime Jacques-Charles Fombonne, le président de la SPA (Société Protectrice des animaux)*. 

Stabilisation des abandons, mais pas d’adoptions

Si la SPA constate une stabilité des abandons, concernant les adoptions il en est autrement et l’état est à la stagnation. Cela a été indiqué par son président dans un entretien accordé à l’AFP (Agence France Presse) le 27 mars dernier

Un chien ou un chat, ce n’est pas un paquet de lessive !

Se pose également, outre le projet d’acquérir un chien ou un chat, le problème du déplacement afin de récupérer un animal. Un chien ou un chat, ce n’est pas un paquet de lessive que l’on vous livre et que l’on dépose devant votre porte à la va-vite !

« Sur Internet, nos refuges proposent bien de repérer un animal, et il n’est pas interdit à un salarié de l’association concernée d’aller le déposer chez celui qui veut l’adopter », explique Hervé Bélardi, délégué général de la Confédération Défense de l’animal regroupant plus de 270 sites indépendants. « Mais en pratique, cela ne marche pas vraiment. »*

Un contact, des conseils, des papiers à signer

Un chien ou un chat dont on fait l’acquisition chez un éleveur professionnel ou que l’on acquiert auprès d’un particulier demande un minimum de contacts, voire de conseils à donner, des papiers à signer…

Pour ses refuges et afin de  les désengorger, la SPA a décidé de prendre contact avec les autorités préfectorales pour solliciter une dérogation afin que les futurs maîtres puissent venir adopter les animaux et cela après les avoir choisis sur photo, sur le site Internet de l’association.

Un rendez-vous sera fixé et « on veillerait à ce qu’il ne croise personne. On lui présenterait l’animal à distance et s’il est d’accord, il partirait avec l’animal », explique Jacques-Charles Fombonne**.

Les éleveurs professionnels peuvent se déplacer pour livrer un chiot ou un chaton 

Les éleveurs professionnels sont pour leur part autorisés à livrer un chien ou un chat qui aurait été retenu avant ou après la mise en place du confinement limitant les motifs de déplacements.

Le SNPCC (Syndicat National des Professions du Chien et du Chat) , par la voix de sa présidente, Anne-Marie Le Roueil, précise que concernant les déplacements dans le cadre de la continuité de l’activité professionnel, pour les éleveurs professionnels (avec n° de SIRET - Système Informatique pour le Répertoire des Entreprises sur le Territoire)*** « les activités agricoles peuvent être poursuivies à la condition de respecter les gestes barrières et les mesures de distanciation sociales. Le déplacement dans le cadre de la poursuite de l’activité professionnelle s’entend pour les déplacements ne pouvant être différés et ne pouvant être réalisés sous forme de télétravail :

- Achat de fourniture et d’aliments.

- Rendez-vous acceptés par votre vétérinaire.

- Livraison de chiots ou chatons.

- Déplacement en saillie extérieure chez un autre professionnel. »

Le SNPCC propose à ses adhérents un protocole sanitaire de déplacement disponible auprès du syndicat (à demander auprès du secrétariat : secretariat@contact-snpcc.com).

Cela permet une clarification, car nombreux sont les éleveurs professionnels qui se posaint des questions. Il était difficile pour eux de s’y retrouver alors avant que la note du SNPCC apporte enfin une réponse claire et fiable.

Plan B : faire appel à un transporteur professionnel qui peut prendre en charge la livraison d’un animal de compagnie. Mais cela à un coût.

Le secteur de l’élevage impacté par la crise

Toujours est-il que le secteur de l’élevage est comme bien d’autres impacté par la crise. Les annulations de réservations de chiots ou de chatons ne sont pas rares, quitte à perdre la caution versée, comme le déplorent des éleveurs ! ; les appels et demandes en vue d’une éventuelle acquisition d’un chiot ou d’un chaton après l’âge légal de 8 semaines sont en baisse. Les futurs maîtres peuvent également connaître des difficultés financières compréhensibles (chômage à temps partiel, perte d’emploi) et qui les incitent fortement à repousser le projet d’une adoption ou d’une acquisition d’un animal de compagnie. Les priorités sont ailleurs. 

La question des vaccins se pose également

Pour un particulier, la vaccination, tout comme les actes ne relevant d’une urgence vitale pour les chiens et les chats ainsi que les actes de convenance (stérilisation, castration), ceux de médecine préventive comme par exemple un détartrage dès lors qu’il n’est pas à l’origine d’une pathologie grave ont été reportés selon les recommandations de l’ordre des vétérinaires.

Limiter les sorties à 1 heure, y compris pour se rendre chez le vétérinaire, peut éviter en ces circonstances que le chien ne contracte une maladie tout comme le chiot qui n’aura pas eu ses rappels de vaccins.

L’Ordre National des Vétérinaires a fait une mise au point dans un courrier adressé au SNPCC. Il précise bien que « la note des vétérinaires experts sur la vaccination vise les particuliers, détenteurs d’animaux, en situation de confinement et pour la période du confinement. » 

Éleveurs d’animaux de compagnie : vaccination possible à apprécier par le vétérinaire

« Concernant les éleveurs d’animaux de compagnie professionnels, la conduite à tenir est à apprécier par le vétérinaire en fonction des données dont il dispose et l’appréciation du risque pour les animaux, pour lui et pour le professionnel de l’élevage dans le respect des consignes de biosécurité », précise l’Ordre à l’attention des éleveurs professionnels.

Et de poursuivre : « La pénurie de moyens de protection des professionnels vétérinaires comme des professionnels de l’élevage (masques, gel hydroalcoolique) est un facteur important d’inquiétude. La biosécurité ne repose dès lors que sur la distance d’un mètre à respecter et sur le lavage des mains.

« Il est évident que ces mesures ne sont pas toujours applicables lorsqu’il s’agit d’assurer la contention des animaux. C’est la raison pour laquelle, la première mesure efficace reste de limiter les occasions de contact entre personnes.

« A l’heure où les vétérinaires et leurs équipes connaissent des contaminations au SARS-CoV-2, la question de préserver la santé de chacun et de sauver des vies est aigue. Un dialogue pragmatique et lucide doit prévaloir. »

*Source : Le Monde, 26 mars 20020

**Source : AFP, le 27 mars 2020.

***Décret n° 2020-293 du 23 mars 2020.

 

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