Certaines races de chien sont considérées, bien souvent à tort, d’être plus à risques en termes de morsures. C’est le cas par exemple, entre autres, du rottweiler ou de l'amstaff. C’est là l’un des effets « pervers » de la loi de janvier 1999 sur les chiens dits « dangereux ». ces races sont souvent pointées du doigt.
Les États-Unis, les Pays-Bas ou l’Italie, qui avaient adopté des catégorisations similaires, les ont abandonnées après avoir constaté leur inefficacité dans la réduction du risque de morsure.
Évaluer la dangerosité d’un chien de manière individuelle
« Aucune étude scientifique ne met en effet en évidence un risque plus élevé de morsure par les chiens de catégories 1 et 2 dits "dangereux », tient à souligner un rapport de 230 pagers sur l'évaluation du risque de morsure chez les chiens publié le 8 février 2021 par l’Anses (Agence nationale de sécurité sanitaire de l'alimentation, de l'environnement et du travail).
Tout chien, quelle que soit la race ou au type auquel il appartient, peut selon les circonstances, son manque de socialisation, son éducation… être mordeur.
L’actualité fait régulièrement tristement état de faits divers ayant entraîné de graves blessures voire la mort suite à des morsures de chiens. C’est le cas dernièrement de l’affaire Pilarski, cette jeune femme enceinte tuée par le pitbull de son compagnon et dont les médias se sont emparés.
Pour l’Anses, il ne fait aucun doute que « la dangerosité d’un animal doit donc être évaluée individuellement ».
Selon l’Agence, plusieurs facteurs sont à considérer pour évaluer la dangerosité d'un chien : sa race, son sexe, le fait qu’il soit ou non castré. Mais aussi bien entendu son éducation. On sait toute l’importance qu’elle a dans le comportement des chiens avec leur socialisation également.
L’Anses, qui a été saisie par le ministère en charge de l’Agriculture pour mieux appréhender la dangerosité des chiens et apprécier la pertinence des mesures de catégorisation par race, préconise plusieurs moyens de prévention.
Sensibiliser les enfants mais aussi les adultes, propriétaires ou non de chien
Cela implique selon elle en premier lieu la sensibilisation des enfants comme aussi des adultes, propriétaires de chiens ou non.
Et de rappeler la nécessité de « la reconnaissance des signaux de stress chez l’animal : léchage de la truffe, bâillements répétitifs, détournement du regard, etc. » et « au fait que tous les chiens peuvent mordre, quelle que soit leur taille ou leur race, et qu’en conséquence il ne faut jamais laisser un enfant seul avec un chien sans la surveillance active d’un adulte. »
Visites vétérinaires : l’occasion de prévenir les risques de morsures
Pour ce qui est des propriétaires de chiens, « la première visite de vaccination ou le bilan annuel chez le vétérinaire doit être l’occasion de sensibiliser aux facteurs de risques de morsure et d’insister sur l’importance de l’éducation de l’animal et du renforcement positif, c’est-à-dire des modes d’éducation de l’animal favorisant les récompenses lors des apprentissages ».
Les éleveurs ont une part de responsabilité
Les éleveurs de chiens doivent aussi faire preuve de responsabilité afin de s’assurer « de faire coïncider les besoins du chien liés à sa taille, sa race, son caractère… avec les conditions de vie qu’il pourra avoir : petit appartement ou grande maison, possibilité de sorties régulières ou non, présence d’enfants en bas âge, etc. »
Normalement, toute morsure doit faire l’objet d’une déclaration, ce qui est loin d’être le cas. Ainsi, le chiffre avancé en 2007 d’environ 10 000 morsures par an (celles déclarées à l’époque) est sans doute sous-estimée.
Créer un observatoire des morsures
Afin de mieux connaître et prévenir les circonstances des morsures, aujourd’hui insuffisamment déclarées, l’Anses propose donc la création d’un observatoire des morsures. Il contribuerait à « enrichir les données disponibles, d’alimenter les travaux de recherche mais aussi de formuler des conseils plus ciblés et adaptés au risque existant ».
L’Anses, dans son rapport, se dit favorable à ce que « cet observatoire soit alimenté par les professionnels du secteur, comme les vétérinaires et les éleveurs, mais aussi par des contributions citoyennes ».
Renforcer les évaluations comportementales par les vétérinaires
Enfin, l’Agence estime que « le rôle de l’évaluation comportementale par les vétérinaires, en cas de morsure ou sur demande spécifique du maire ou du préfet, doit être renforcé, en augmentant le nombre de vétérinaires inscrits pour réaliser ces évaluations et en harmonisant les formations, les pratiques et les outils utilisés ».
Quels sont les chiens les plus mordeurs ?
Le 4C (Collectif Contre la Catégorisation des Chiens) s’est procuré des statistiques nationales de ces cas morsures constatées d’octobre 2006 à septembre 2007. Il en ressortait alors que s chiens dits « dangereux » étaient à l’origine de 7,4 % des cas de morsures alors qu’ils représentaient 8,4 % de la population canine.
Selon une étude de l'Institut Français de Veille Sanitaire réalisée une étude entre le 1er mai 2009 et le 30 juin 2010 auprès de 8 hôpitaux ayant eu à traiter de cas de morsures, le berger allemand était mis en cause dans 10 % des cas, le labrador, dans 9 %, le Jack Russel Terrier dans 6 %.
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