Il est temps de manger le chien : quel ‘’drôle’’ de titre que celui du livre de Brenda et Robert Vale paru en 2019. Et qui n’a pas manqué d’attiser la colère des propriétaires de chiens. On pouvait y lire que la consommation de viande par un chien de taille moyenne a un impact sur la planète deux fois supérieur à celui d’un véhicule de type SUV (Sport Utility Vehicle) conduit sur 10 000 km.
Chiens et chats pollueurs : des études contestées
10 années plus tard et d’autres études menées dans ce laps de temps, celle conduite en 2017 par Gregory Okin, professeur à l’Université de Californie à Los Angeles, estimait que les 160 millions de chiens et chats américains étaient responsables de 25 à 30 % de l’impact environnemental de la consommation de viande aux États-Unis. Soit 64 millions de tonnes de CO2, ou la conduite de quelque 13 millions de voitures pendant un an.
« Je n'ai rien contre les animaux de compagnie, ils font beaucoup de bien aux gens », explique le Pr Gregory Okin à l’AFP. « Mais pour faire des choix éclairés, il faut avoir toutes les informations. »
Kelly Swanson, professeur de nutrition animale à l’université de l’Illinois, a contesté cette étude. Selon elle, ces calculs sont basés sur de « nombreuses hypothèses inexactes ». « La majorité de la nourriture pour animaux vient de sous-produits de l’industrie alimentaire humaine », précisait-elle.
Alimentation industrielle pour animaux de compagnie : un impact CO2 « négligeable »
« Aujourd’hui, l’impact CO2 de l’alimentation conventionnelle industrielle pour animaux de compagnie est négligeable », renchérit pour sa part le Dr vétérinaire Sébastien Lefebvre, de l’école vétérinaire VetAgro-Sup à Lyon. « En attendant, les morceaux de viande "pas jolis" ou les abats devant lesquels les humains font la fine bouche peuvent être "valorisés pour les carnivores domestiques. (…) Quand l'Homme arrêtera de gaspiller » ou bien alors deviendra « complètement végétarien, cela pourrait devenir problématique », ironise-t-il.
Un argument qui ne tient pas pour Gregory Okin : « J'ai assez voyagé dans le monde pour savoir que certaines choses que je ne consommerais pas, d'autres les mangeraient avec plaisir. »
« Dans certains pays comme les Pays-Bas (...), il y a de la viande produite pour la consommation animale », assure le Pr Pim Martens, de l'université de Maastricht.
« Comme pour les humains, l'empreinte carbone dépend d’où vous vivez dans le monde », précise Gregory Okin à l'AFP. Selon son étude parue en 2019, un chien moyen (10 à 20 kg) émet sur toute sa vie de 4,2 à 17 tonnes de CO2 s'il vit aux Pays-Bas, 3,7 à 19,1 tonnes en Chine mais seulement 1,5 à 9,9 au Japon.
Le professeur se refuse toutefois à toute comparaison : « Est-ce que ça voudrait dire que si vous n'avez pas de chien ou de chat, vous pouvez avoir un SUV ou conduire plus votre voiture ? Cela n'a aucun sens. »
Un gros chien plus pollueur qu’un chat
Il est au moins une chose sur laquelle les chercheurs semblent s'accorder : un gros chien qui mange plus a une empreinte carbone plus grande qu'un petit chat.
« Un chat serait un peu plus écolo, son empreinte carbone annuelle serait comparable à celle d'une Volkswagen Golf. Celle d'un hamster serait de l'ordre de l'écran plasma et celle d'un poisson rouge, de l'ordre de deux téléphones portables », précisait l’étude de Robert et Brenda Vale, publiée dans la revue New Scientist (octobre 2009).
« Ce n'est pas noir ou blanc. Les chats et les chiens sont aussi liés à beaucoup de choses positives », parmi lesquels les bienfaits psychologiques qu’ils peuvent apporter, ajoute quant à lui le Pr Pim Martens.
Faut-il changer l’alimentation des chiens et chats ?
Certains experts pensent à l'incorporation d'autres sources de protéines dans l’alimentation des chiens et chats. Comme par exemple des insectes, déjà utilisés dans certaines croquettes.
Mais une nouvelle fois cela ne fait pas consensus quant à l'impact environnemental.
Transformer son chien ou chat en végétarien : pour un chien et sous contrôle vétérinaire, « en théorie, ce n'est pas impossible », explique le Dr vétérinaire Sébastien Lefebvre. Mais il met en garde contre cette idée qui risquerait de tuer le chat, véritable carnivore.
Le chat qui de toutes les façons a un instinct de chasseur très développé et qui alors provoquerait une autre « catastrophe écologique » : « Une hécatombe autour de chez vous : oiseaux, musaraignes, lézards... ».
Source : AFP
SantéVet
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