En créant avec des étudiants de l'École Nationale Vétérinaire de Toulouse (ENVT) le site letudiant-veterinaire.com, Guillaume de Zan, a souhaité s’adresser au plus grand nombre : ceux qui pratiquent déjà, mais aussi ceux qui sont à la recherche d’informations générales sur cette profession aux facettes multiples, les filières de formations, les études… Il a voulu également mettre en avant le monde vétérinaire par le biais de ses aspects les plus connus, mais aussi ceux plus spécifiques. Ce blog est donc la réunion d’expériences, de témoignages et d’informations… Une adresse à placer dans vos favoris !
SantéVet : Qu'est-ce qui vous a incité à créer ce site et à quand date sa mise en ligne ?
Guillaume de Zan : Le premier objectif que je m'étais fixé en créant le site était de pouvoir apporter des informations de première main concernant la formation vétérinaire pouvant être consultées par un lycéen comme par une personne déjà active voulant reprendre un cursus scolaire.
Je voulais également apporter un maximum de précisions sur la prépa BCPST [Biologie, Chimie, Physique et Sciences de la Terre, Ndlr], qui reste la voie d'accès majoritaire aux écoles vétérinaires. Chemin faisant, j'ai également voulu intéresser les personnes déjà vétérinaires ou étudiants vétérinaires en écrivant des articles généraux sur la profession, mais aussi plus spécialisés comme c'est le cas avec "La minute médecine interne", qui reste assez accessible avec le glossaire intégré à chaque article.
Le site a été mis en ligne le 29 novembre 2011. Il a plutôt bien démarré et compte actuellement pas loin de 11 600 pages vues depuis le lancement !
SantéVet : Est-ce vous seul qui le gérez ?
Guillaume de Zan : Tout ce qui concerne l'administration du site (design, module, gestion des comptes, de la base de données, du serveur...), c'est moi seul qui m'en occupe et c'est très chronophage.
Je m'occupe également de la rédaction des articles généraux, du dossier BCPST, et des articles spécifiques aux carnivores domestiques avec notamment "La minute médecine interne" dont la rédaction m'accapare le plus de temps… entre recherche bibliographique, lecture et rédaction ; un article me prend environ 3-4 heures et des fois bien plus.
Fanny Pichereau et Lucie Saloy s'occupent de rédiger des articles sur le milieu équin, Damien Rangeard et Ambre Jantore s'occupent des articles sur les NAC, nouveaux animaux de compagnie, Nicolas Morin s'occupe de la section Vets News regroupant des croquis humoristiques sur la formation vétérinaire, et je vais bientôt recruter une autre personne pour s'occuper des articles traitant du milieu rural.
« Il était important d’apporter des informations justes, là où internet foisonne d'informations erronées. »
SantéVet : Il se destine aussi bien aux étudiants véto qu'à ceux qui cherchent des infos sur la profession ; était-il important pour vous d'associer tout cela ?
Guillaume de Zan : L'objectif de cette association était d'une part d'intéresser les étudiants, vétos ou non, aux différents aspects de la profession et de leur apporter des informations actualisées sur la profession, et d'autre part de fournir des informations justes, là où internet foisonne d'informations erronées ou tronquées, et ce à destination de tout le monde. Bien entendu, aucun article ne doit être pris comme vérité absolue et cela ne dispense pas les visiteurs de consulter un vétérinaire sur un sujet abordé par un article du site.
SantéVet : On y trouve effectivement des dossiers, articles techniques sur les pathologies de diverses espèces, etc. Les étudiants vétérinaires sont-ils "friands" de ces articles perfectionnant leurs connaissances, en compléments des revues professionnelles existantes ?
Guillaume de Zan : La rédaction de ces articles techniques par des étudiants vétérinaires possède deux avantages très intéressants : d'une part, cela permet au rédacteur d'approfondir ses connaissances sur un sujet extrêmement précis et d'en apprendre d'avantage que les cours à l'école ne le permettent, connaissances qui seront donc utiles dans l'exercice du métier ; d'autre part, ces articles permettent (comme vous pourrez le constater dans certains commentaires, notamment sur l'article traitant du jabot œsophagien) l'interaction avec des vétérinaires s'intéressant au sujet traité.
Enfin, la possibilité d'intégrer des vidéos est un vrai plus par rapport à un livre ou une revue donc cela rend la lecture plus vivante, plus interactive et donc forcément plus intéressante !
SantéVet : Une rubrique est intitulée "Le véto, c'est cher". Est-ce selon vous une idée reçue qui fait parfois de l'ombre à la profession ?
Guillaume de Zan : Tout d'abord le problème est la notion d'idée reçue, car oui le vétérinaire c'est cher, comme toutes les activités de soin, mais le problème c'est qu'une majorité de personnes ne comprend pas pourquoi c'est cher, ne sait pas qu'il existe des solutions (soins dans les refuges, écoles vétos, mutuelles...) pour payer moins cher et enfin ne se rend compte de cela qu'après l'acquisition d'un animal et voilà le résultat : plus de 250 000 animaux euthanasiés par an pour cause financière ! Donc, "faire de l'ombre à la profession" ? non pas vraiment, mais faire de l'ombre aux soins de qualité, faire de l'ombre à notre moral quand on ôte la vie à un animal que l'on aurait largement pu soigner, oui clairement !
« Avec l’assurance santé animale,il est possible d’accéder à des soins de qualité sans se ruiner. »
SantéVet : De même, vous évoquez l'assurance santé animale, celle-ci n'ayant pas toujours bonne réputation, pourquoi ?
Guillaume de Zan : Toujours dans la même optique que précédemment : tenter de faire comprendre aux gens qu'il est possible d’accéder à des soins de qualité sans se ruiner. Nous avons du retard sur ce point en France et j'espère que cela changera.
Je ne veux pas faire de la pub pour faire de la pub, je sais qu'il existe des contrats plus ou moins cohérents et je pense que cela est dû à la jeunesse de ce type d'assurance. Ces problèmes sauront trouver des solutions avec des contrats de plus en plus proches des attentes des clients d'une part et de celles des vétérinaires d'autre part.
SantéVet : D'ailleurs que pensez-vous des "mutuelles" pour animaux de compagnie ? Les élèves vétérinaires y sont-ils sensibilisés ? Est-ce un plus dans votre profession ?
Guillaume de Zan : Concernant la sensibilisation des élèves, elle me semble encore un peu légère même si SantéVet et d'autres commencent à s'impliquer dans la vie étudiante des élèves vétos et c'est très bien. Compte tenu de mes propos précédents vous comprendrez tout de suite que je trouve les mutuelles très intéressantes pour la profession. Néanmoins, comme je le soulignais précédemment, il existe encore des disparités entre la réalité du terrain et la cohérence des contrats.
SantéVet : Vous évoquez votre expérience et le cursus que vous avez suivi. Il existe donc, en dehors de la "fameuse" prépa BCPST d'autres moyens d'accéder aux études ? Sont-ils méconnus et pourquoi ? Il n'y a donc pas vraiment un seul "passage obligé" ?
Guillaume de Zan : Quatre voies permettent actuellement d’accéder aux écoles nationales vétérinaires par les filières suivantes :
- la voie A : les classes préparatoires BCPST (Biologie, Chimie, Physique, Sciences de la terre) et les classes préparatoires TB (Technologie et Biologie) ;
- la voie B : Licence SV en sciences de la vie (concours accessible dès la L 2, à condition de valider en fin d’année 120 ECTS) suivie éventuellement d’une année de classe préparatoire au concours (classes post-DEUG) ;
- la voie C : certains BTSA, BTS ou DUT suivis éventuellement d’une année de préparation au concours (classes post BTS-DUT) ;
- la voie D : Diplômés en médecine ou pharmacie ou chirurgie dentaire, ou titulaires d’un grade de master 2 à dominante Biologie (bac + 5).
L’ensemble de ces filières (y compris la voie D) donne accès à des concours nationaux pour être admis à poursuivre le cursus de formation vétérinaire dans les ENVs.
En 2011, la répartition des postes ouverts par filière d’accès était la suivante : 384 places pour la filière A (376 pour A-BCPST et 8 pour A-TB), 44 places pour la filière B, 36 places pour la filière C, 4 places pour la filière D.
Le passage obligé est donc un concours national différent en fonction de la voie choisie. Les voies autres que la BCPST sont moins connues car elles offrent beaucoup moins de places.
« Etre vétérinaire, c’est un métier difficile, mais fantastique. »
SantéVet : Pourquoi avez-vous d'ailleurs choisi ces études et vers quoi vous destinez-vous, les débouchés étant vraiment très nombreux ?
Guillaume de Zan : Comme beaucoup, je voulais être vétérinaire depuis tout petit, c'est un rêve d'enfant. Avant de commencer à pouvoir apprécier les nombreuses options s'offrant à moi je voulais faire de la chirurgie des carnivores domestiques (chien et chat), mais maintenant je m'oriente plus vers une carrière de spécialiste en médecine interne des carnivores domestiques, d'où mon attrait pour cette discipline.
SantéVet : Vétérinaire, est-ce vraiment l'un des plus beau métiers du monde, mais aussi exigeant et très long en études ? Quels conseils donner à un futur étudiant ?
Guillaume de Zan : Le plus beau métier du monde n'est-il pas celui où on est épanoui, heureux de se lever le matin et qui nous fait grandir ? Alors à certains moments, oui ça l'est et à d'autres non ça ne l'est pas ! C'est un métier difficile, difficile d'accès compte tenu des études à entreprendre et difficile à vivre compte tenu des exigences et pressions auxquelles nous sommes contraints.
Mais c'est aussi un métier fantastique qui nous permet d'être en contact avec les animaux, de les soigner... et c'est surtout un métier très humain où la relation avec les propriétaires est essentielle et les sentiments à gérer très forts ! C'est un métier où on apprend tous les jours, on apprend des choses utiles pour notre métier, mais surtout on apprend sur les autres et sur nous-mêmes !
Pour les étudiants voulant se lancer dans le cursus de vétérinaire je n'ai qu'un seul et unique conseil à donner : Il faut toujours vivre notre passion pour que notre passion puisse nous faire vivre !
Propos recueillis par Claude Pacheteau
Mauvaise réputation des classes préparatoires : dédramatiser la situation
Dans son site, Guillaume de Zan consacre un dossier à la mauvaise réputation des écoles préparatoires aux grandes écoles… histoire de remettre certaines pendules à l’heure !
« Le système des classes préparatoires aux grandes écoles est typiquement français », explique Guillaume de Zan. « Il tend à sélectionner une élite et c'est bien cet aspect qui est dramatisé par beaucoup », poursuit-il. « C'est une épreuve de 2-3 ans très difficile, moralement comme physiquement. Cependant beaucoup de lycéens ne veulent pas aller en prépa, car ils pensent ne pas correspondre au "profil prépa".L'article "Les fausses rumeurs sur les prépas" a été écrit pour tenter de dédramatiser celles-ci. Le "profil prépa" n'existe pas, c'est quasiment impossible de savoir si tel ou tel élève réussira en prépa. Il y en a qui vont s'effondrer alors que c'étaient de très bons élèves au lycée et d'autres qui vont se révéler alors qu'ils n'étaient que moyens. Maintenant qu'il existe des équivalences et autres passerelles pour les étudiants en BCPST, il n'y a aucun inconvénient à tenter une prépa BCPST et on peut clairement appliquer le "qui ne tente rien n'a rien" ! »
SantéVet
Le spécialiste de l'assurance santé chien, chat et NAC