Faire au moins une saillie, avoir une portée ou une nichée… n’est pas une obligation pour les chiens et chats. Cela ne résout en rien les problèmes de comportement, voire peut en aggraver certains. Les idées reçues ont la vie dure ! Quand on ne cherche pas à offrir une descendance à son animal, le mieux est d’envisager une stérilisation/castration précoce de son chien ou de son chat. Pour son bien-être et éviter aussi certaines maladies. Cela assure par ailleurs le « confort » du maître et permet de lutter contre les abandons, trafics d’animaux et euthanasies. En Belgique, la stérilisation systématique des chats a créé la polémique.
Le chat ou le chien mâle doit avoir au moins une fois des petits dans sa vie et faire une saillie : pas du tout ! La femelle (chienne et chatte) n’a pas la nécessité non plus d’avoir des bébés et de mettre bas à tout prix.
Faire faire une nichée à sa chienne ou une portée à sa chatte est une responsabilité. Certaines grossesses peuvent être à risques et imposer, par exemple, une mise bas par césarienne.
De plus, avoir des bébés exige d’y consacrer du temps… et de l’argent. Puis que faire des petits une fois ceux-ci sevrés ?
L’idée selon laquelle avoir des bébés « calmera » le chien ou le chat et influencera positivement sur son caractère, n’est pas du tout certain.
Au contraire, une stérilisation ou une castration de l’animal peut éviter certains comportements indésirables : « esprit bagarreur », fugues, marquages urinaires, etc. Même si tous les troubles du comportement ne se solutionnent pas systématiquement avec la stérilisation/castration. Car, parfois, c’est une thérapie comportementale initiée par le vétérinaire et une remise en cause de la relation avec l’animal qui résoudra certains problèmes.
Mais une stérilisation/castration précoce peut contribuer à éviter certains problèmes de santé : infections utérines voire tumeurs mammaires chez la chienne, et certains cancers chez le mâle (prostate, testicules).
Le recours à une pilule contraceptive pour la femelle n’est pas une bonne solution. Pas plus que la contraception par injection, qui n’est pas recommandée. Pour le mâle, en revanche et avant de prendre la décision de le faire castrer, il demeure possible d’utiliser un implant qui va « bloquer » la libido du chien. Tous renseignements peuvent être obtenus auprès de votre vétérinaire à ce sujet.
Il est trop tard pour le faire stériliser : non !
Certains maîtres redoutent l’intervention en vue de la stérilisation ou de la castration. Cette dernière est encore moins bien ‘’perçue’’ pour l’animal pour le propriétaire de sexe masculin qui y voit par « transposition » une perte de virilité de son compagnon, en quelque sorte ! A force d’attendre et de repousser la décision, les maîtres finissent souvent par penser que cela est trop tard et s’y résignent.
Stérilisation et castration sont des techniques que maîtrisent très bien les vétérinaires. Et qu’il y a tout intérêt à envisager de manière précoce. Vers l’âge de 5/6 mois chez le chat ; et chez le chien, en fonction de sa race et de sa taille, vers 6/12 ou 18 mois. Quel que soit l’âge de l’animal, il est possible d’en parler avec votre vétérinaire afin de faire le point pour l’envisager.
Une étude américaine conduite par Banfield (la plus importante chaîne de cliniques vétérinaires du pays) a mis en avant que les chiens mâles castrés vivent 18% de plus que ceux qui ne le sont pas ; un taux qui s’établit à 23% chez les femelles.
Chez les chats, toujours selon cette étude, les mâles castrés vivent 62% de plus que ceux qui ne le sont pas ; un taux qui s’établit à 39% chez les femelles.
L’animal va grossir : ce n’est pas une fatalité
L’embonpoint qui peut en résulter n’est pas une fatalité. Cela n’est en tout pas à redouter. Quelques mesures peuvent être prises pour prévenir le risque de prise de poids : revoir le mode d’alimentation et les rations sur les conseils du vétérinaire, mise en place d’exercices, etc.
Un chien castré ou une chienne stérilisée n’en sera pas moins « aimant » (idem pour un chat). Du point de vue du comportement, si la castration/stérilisation a lieu suffisamment tôt et dès lors que l’animal est équilibré (sans problèmes comportementaux particuliers avant l’intervention), cela peut permettre d’éviter les comportements belliqueux. S’il s’agit d’un chien destiné à la compagnie et à la garde, voire au sport ou à certaines activités, cela ne lui enlèvera absolument rien quant à ses aptitudes et ses performances.
La stérilisation ou la castration, en temps normal, n’est pas une maladie ni un accident. C’est pour cela qu’elle n’est pas prise en charge par l’assurance santé animale... en dehors d’un problème qui l’imposerait. Alors, l’assurance santé animale permettra une prise en charge des frais.
Stériliser la femelle oui… de manière bien indiquée
« Que ce soit chez le chien ou chez le chat, chez les mâles ou chez les femelles, il ne semble pas y avoir d'âge limite pour la stérilisation, c'est-à-dire qu'elle sera efficace si elle est bien indiquée », explique le Dr Valérie Dramard, vétérinaire comportementaliste.
Grossesse nerveuse chez la chienne, c’est parce qu’elle n’a pas eu de petits. Non plus !
La grossesse nerveuse chez la chienne (pseudo-gestation) est un problème hormonal. Ce n’est pas parce qu’elle va jeter son dévolu sur un jouet, une peluche, faire son « nid », etc. que cela signifie qu’elle est mal de maternité ! Le fait d’avoir une portée ne lui serait d’aucune utilité. Tant physiquement que psychiquement.
Il est important de consulter le vétérinaire lors d’un épisode de grossesse nerveuse. Dans un premier temps, le vétérinaire vérifiera que la chienne n’est pas gestante. Ce qui peut arriver sans que l’on s’en aperçoive suivant le mode de vie de l’animal ! Ensuite, il prescrira un traitement hormonal afin de stabiliser son état.
A noter que durant ce phénomène, les chiennes peuvent changer de comportement, être davantage irascibles voire agressives parfois. Il convient donc d’être vigilant, notamment lors de la présence d’enfants auprès de la chienne dans le même foyer.
Pertes sanguines, « sérénades », excitations et fugues… des questions de confort pour tous
Si le bien-être et la santé des animaux pour lesquels la reproduction n’est pas envisagée ont à y gagner d’être stérilisés ou castrés, c’est aussi le confort du maître dont il est question.
Une chatte en chaleurs va miauler, se frotter. Un chien va hurler à la mort, cherchant parfois à fuguer et repérer une femelle en chaleurs à plusieurs kilomètres à la ronde… Une chienne va avoir des pertes de sang, discrètes au départ puis de plus en plus abondantes.
Même s’il existe des « couches »/« culottes » adaptées, cela n’est finalement pas dans leur nature que de porter de tels « attributs » !
Si les pertes sanguines chez la chienne (elles ne doivent pas apparaître pas chez la chatte lors de ses chaleurs) s’accompagnent d’autres troubles (baisse de l’appétit, diarrhée, plaintes…), il est recommandé de consulter le vétérinaire.
Stérilisation obligatoire des chats en Belgique : une question qui fait débat
Une loi a été votée en 2012 sur proposition de la ministre L. Onkelinx, afin de mettre en place un plan pluriannuel sur la stérilisation des chats. Un plan en plusieurs phases.
Ainsi, depuis le 1er septembre 2014, chaque chat doit être stérilisé, identifié et enregistré avant d’être donné ou vendu. Seuls les chats destinés à un élevage agréé ou à des personnes ne vivant pas en Belgique peuvent être vendus ou donnés sans avoir été stérilisés au préalable.
De nombreux vétérinaires belges se sont opposés à cette loi. Selon eux, elle ne réglerait pas à elle seule le problème des chats errants et de la surpopulation féline en Belgique. Une prise de position qui a été notamment relayée par l’UPV (Union Professionnelle vétérinaire).
Pour de nombreux vétérinaires, une stérilisation systématique et obligatoire de tous les chats, dès lors qu’elle est pratiquée de manière trop précoce, n’est pas sans danger pour la santé de l’animal. Même si les protocoles mis en place sont adaptés à de telles interventions.
Certains craignent par ailleurs que le coût de la stérilisation obligatoire - 100 € environ - entraîne finalement plus d'abandons encore et donc d'euthanasies. Quelque 9 000 chats seraient endormis dans les refuges de Belgique chaque année.
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