La maladie cardiaque la plus fréquente chez le chien (75 à 80 % des cas) est de loin la « Maladie Valvulaire Dégénérative Mitrale » (MVD).
Il s’agit d’une maladie affectant la valvule mitrale, le « clapet » qui se trouve au niveau du cœur gauche, entre l’oreillette et le ventricule. Cette valvule, dont le tissu a tendance à dégénérer avec l’âge, s’épaissit progressivement et, perdant de son élasticité, ne peut plus se fermer de façon étanche. Ce défaut de fermeture conduit à des flux sanguins anormaux à l’intérieur du cœur, que l’on nomme des « fuites » ou « régurgitations » mitrales.
Quand la maladie s’aggrave, les petits cordages reliant la valvule au ventricule gauche peuvent se rompre ; cette complication peut conduire à des oedèmes pulmonaires et d’autres complications préjudiciables pour la vie du chien.
Une maladie fréquente chez les chiens de petite taille
La « Maladie Valvulaire Dégénérative Mitrale » peut apparaître des l’âge de 5 ans chez plus de 80% des petits chiens de moins de 15 kg. Chez le Cavalier King Charles et le Teckel, il s’agit d’une maladie génétique très délétère pouvant apparaître des l’âge d’un an. La maladie est évolutive, s’aggravant progressivement avec le temps, plus ou moins vite selon les individus. Un traitement médical visant à soulager le travail du cœur et guérir l’oedème pulmonaire doit être prescrit le plus précocément possible afin de prolonger la vie du chien au maximum. Ce traitement est actualisé une à deux fois par an au cas par cas à la faveur de contrôles cliniques, sanguins et échographiques chez le vétérinaire. Au début de la maladie, le cœur réalise un travail d’adaptation physiologique que l’on appelle « la phase compensatoire », la maladie est à ce stade « dormante » ; au moment où les capacités adaptatives du cœur sont dépassées, les symptômes tels que fatigue, toux, syncopes apparaissent. On dit que la maladie est dans « sa phase décompensée ». Les médicaments sont ici indispensables et prescrits à vie, à moins qu’une chirurgie soit décidée au moment le plus opportun dans la vie du chien. En effet, un traitement chirurgical de la «Maladie Valvulaire Dégénérative Mitrale » est maintenant disponible avec un fort taux de succès, plus de 90 %. En effet, il consiste à « resserrer » la valvule mitrale devenue « trop flasque» pour diminuer voire annuler les fuites puis à réparer les cordages rompus. Il s’agit d’une intervention sous circulation extra-corporelle et exigeant une équipe vétérinaire performante et parfaitement rodée. Après cette intervention, la grande majorité des petits chiens sont « guéris » de leur insuffisance cardiaque et n’ont plus besoin de prendre de médicaments. Cette intervention chirurgicale est une révolution pour un grand nombre de nos petits chiens, dont nous pouvons enfin sauver la vie !
Grands chiens : c’est le muscle cardiaque qui peut poser problème
Les chiens de grand format, sont également atteints de «Maladie Valvulaire Dégénérative Mitrale ». Mais en sont rarement aussi malades que les petits. En revanche, certaines races de moyen ou grand format sont prédisposées, non plus à une anomalie de la valvule, mais à une maladie du muscle cardiaque, que l’on appelle « Myocardiopathie » et plus communément chez les chiens de grande race la « Myocardiopathie Dilatée ».
Elles comptent pour environ 15-20% des maladies cardiaques du chien. Au cours de cette maladie, le muscle cardiaque se fragilise, s’amincit fortement, perd de sa capacité contractile pour finalement s’arrêter car il n’a plus la force de réaliser aucun battement. Parallèlement, les cavités cardiaques se dilatent énormément.
Les races pour lesquelles une prédisposition génétique a été déterminée sont : le Doberman, le Cocker, le Dalmatien, le Dogue Allemand, l’Irish Wolfhound, le Terre-neuve, le Saint-Bernard, le Chien d’eau Portugais, le Boxer. Chez ce dernier, la maladie porte un nom particulier : « la Myopathie Arythmogène du Ventricule Droit ». Seul un traitement médical permet de soulager les chiens atteints de cette maladie, mais avec un pronostic souvent très réservé et une période de survie assez courte après l’apparition des premiers symptômes. Le traitement chirurgical, s’il en existait un chez le chien, serait la greffe cardiaque comme chez l’homme. Cette technique n’est pas encore au point chez le chien.
Des cardiopathies d’ordre congénitales peuvent concerner les chiens
Enfin, un faible pourcentage de chiens (5% environ) sont atteints de maladies cardiaques à la naissance, que l’on nomme « cardiopathies congénitales ». Les plus fréquentes sont :
- des « malformations» de valvules, soit aortique, soit pulmonaire, soit mitrale, soit tricuspide. Actuellement, toutes sauf la valvule aortique peuvent être réparées chirurgicalement chez le chien, mais les pourcentages de réussite sont encore à déterminer. En présence d’un traitement médical seul, les chiens les moins sévèrement atteints peuvent survivre quelques années mais l’échéance est en général assez courte ;
- des communications entre le cœur gauche et le cœur droit ou bien entre le sang oxygéné et non oxygéné. La malformation de naissance la plus fréquente est appelée la « persistance du canal artériel ». Cette anomalie a un pronostic chirurgical excellent, proche de 100% si l’intervention est réalisée assez jeune. Le chiot est ensuite guéri à vie et ne prend aucun traitement. Les autres, comme une communication entre les 2 ventricules par exemple (appelée « communication inter-ventriculaire ») sont opérable également mais avec un taux de succès un peu moindre actuellement.
Les chiots atteints de maladie cardiaque congénitale ont tous un souffle cardiaque audible dans les premiers mois de leur vie. La réalisation d’une échocardiographie et d’un doppler est alors indispensable pour établir un diagnostic, un pronostic et proposer le traitement le plus adéquat.
Dr Sabine Bozon, vétérinaire
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